mardi 25 novembre 2008

L'histoire de Colmar (12) - Joseph Rey

Il fut conseiller général de 1945 à 1982 et maire de Colmar de 1947 à 1977 (mandat de maire le plus long de l’histoire colmarienne) et rarement Colmar a subi de mutation aussi profonde...

Le 12 octobre 1959, le Conseil Municipal opte pour la création d'une zone à urbaniser par priorité (ZUP) qui est approuvé par arrêté interministériel du 6 janvier 1960. La ville fait appel à Charles Gustave Stoskopf, architecte urbaniste, grand prix de Rome, qui en réalise le plan masse. En décembre 1963 le plan de construction et le plan de financement sont approuvés à Paris. En 1964 le 1er immeuble en habitation collective est terminé et occupé.
Le marché de l’emploi se détériore, les colmariens trouvent de l’embauche aux mines de potasse ou dans les industries de la région mulhousienne, rarement dans leur ville. C'est la crise...
Ce qui a amené la municipalité vers 1955-56 à envisager la création d'une zone industrielle, afin de remplacer ce qui disparaissait et d'opérer un changement de L’économie.
1858 : La première tranche de réalisation (89 ha).
Dés 1965 : une deuxième tranche de réalisation (65 ha).
1972: une troisième tranche (49 ha) et une quatrième en 1976 (49 ha)

La venue de Timken France en 1959 constitue le véritable point de départ de la mutation industrielle colmarienne...

La foire aux vins d'Alsace de Colmar occupe chaque année depuis 1948 une place essentielle et originale dans la vie et le rayonnement de la cité, au point qu'il a fallu abandonner le cadre pittoresque de la vieille ville au profit d'installation plus appropriée au nord de celle-ci (1968.

L'histoire de Colmar (11) - Kolmar

L’aboutissement de la guerre est perceptible dès la fin de l’été 1918.
C'est dans un climat glacial que l’Empereur Guillaume II effectue sa dernière visite à Colmar, le 19 septembre 1918.
11 novembre 1918 : à Colmar est constitué le conseil ouvrier présidé par le typographe Edouard Richard allié aussitôt au conseil de soldats, crée la veille, qui prend le contrôle de l’administration de la ville et désigne comme maire l’avoué Max Lehmann.
Après le départ des troupes allemandes le 13 novembre, de nombreuses séries de pillage se produisent.

Le 18, la 162ème division d'infanterie de général Adolphe Messimy pénètre à Colmar en avant garde. Le 22 c'est l’entrée officielle du général Curières de Castelnau, commandant le groupe des armées de l’Est.
De nombreuses festivités marquent l’événement que salue une indescriptible liesse populaire. Succédant au conseil ouvrier, une commission municipale est chargée par le commissaire de la République Henry Poulet de gérer les affaires de la ville en attendant les élections fixées au 30 novembre 1919.
La commission, d'abord conduite par le magistrat Antoine François Conrad, prend le titre de maire après les élections de 1919.
Colmar conserve son rang de chef-lieu dès avant le traité de Versailles signé le 28 juin 1919 mettant fin au régime d'occupation militaire et consacrant officiellement le rattachement à la France du Reichsland d'Alsace-Lorraine. Après le rétablissement des départements dans les territoires de l’est, Colmar accueille à nouveau un préfet Charles Valette installé en avril 1920. La ville redevient une place militaire française avec une garnison comprenant le 152ème RI (casernes Rapp et Macker), la 5ème RCP (quartier Bruat) les 11 et 12ème Dragons (casernes Lacarre et Walther), une compagnie de gendarmerie, une sous intendance militaire, un bureau de recrutement et un hôpital de garnison.

A l’ouest de la ville, la construction du Centre Hospitalier Louis Pasteur constitue la réalisation architecturale majeure de l’entre guerre.
C'est en 1925 que la décision est adoptée par le Conseil Municipal, assuré d'une participation importante de l’Etat (environ 50 %) ainsi que des hospices civils, du Département, et de la Caisse d'Epargne.
Sous la direction de l’architecte en chef Willie Wetter, les études préliminaires s'étendent de 1929 à 1932. Au terme de 5 ans de travaux, l’inauguration officielle a lieu le 21 novembre 1937 en présence du ministre de la santé publique.
Dans le domaine de redressement de la viticulture régionale, Colmar affirme son rayonnement.
Au lendemain de la guerre, ce secteur souffre d'une grave mévente due à une production pléthorique de qualité médiocre. Une première réaction d'ensemble à cette situation est permise par la création du Syndicat des Négociants en Vins et Viticulteurs du vignoble alsacien, qui coordonne son action avec celle de l'Association des Viticulteurs d'Alsace fondée en 1911. Sous l’impulsion du député Gustave Burger (élu en 1924), qui gère une exploitation modèle, est lancé un programme d'amélioration des cépages et de promotion de la vente des vins d'Alsace. Ces efforts conjugués aboutissent en 1927 à l’ouverture de la première foire aux vins de Colmar, ainsi qu’à l’ouverture de l’école de viticulture d'hiver. Ce redressement soutenu par l’office agricole départemental et la Chambre d' Agriculture, demeure l’une des grandes réussites économiques de l’entre-deux-guerres.
La nécessité d'une réadaptation rapide au régime français constitue un impératif primordial pour l’économie locale, exigeant la remise sur pied immédiate d'un organisme représentatif et consultatif, chargé de la coordination économique au niveau de la Moyenne Alsace. C'est le rôle que reprend dès 1919 la Chambre de Commerce et d'Industrie de Colmar, présidée par l’industriel André Kiener qui devient également conseiller de Commerce extérieur de la France, assisté à partir de 1921 par le dynamique secrétaire général Georges Lasch.

Inquiétant certains aspects de la dégradation du climat politique local.

En 1935 déjà des tracts électoraux de l’UPR. (Union populaire républicaine d'Alsace) mettent en exergue les noms des israélites figurant sur la liste adverse qualifiés de "Stavisky Brüder", tandis que la SFIO (Section Française de l’Internationale Ouvrière) dénonce la collusion de chefs autonomistes, avec les nazis de Fribourg. Après Munich, "l’Elsasser Kurier" de Joseph Rosse (chef de file, leader de l’UPR) se déchaîne contre les juifs et les francs-maçons, rendus responsables de tous les maux.
Des affrontements sérieux sont évités de justesse le 1er mai 1939 lorsque les Croix de feu organisent une contre manifestation à Rouffach où se rendent de nombreux ouvriers colmariens décidés à relever "cette provocation" et où un important quadrillage policier empêche le sang de couler.
Ainsi s'achemine-t-on vers le drame de septembre 1939, la mobilisation, l’évacuation de Strasbourg et des communes frontalières.
Le 17 juin 1940, Colmar a le triste privilège d'être la première ville d’Alsace à être investie par les troupes allemandes.

Restent à la population les grands défoulements de la vie sportive d'une intensité sans précédent. Fondé en 1881 et profondément marqué par le catholicisme (confession alors partagés par 76,2 % des Colmariens contre 17,5 % de protestants, 2,3 % d'israélites et 4 % de personnes sans religion déclarée), le Cercle Saint-Martin maintient sa grande notoriété, surtout grâce à sa brillante section de gymnastique et par l’organisation de manifestations gigantesques. Deux autres clubs sont également axés sur la gymnastique : la Colmarienne 1863, le plus ancien, et la société "Avenir" fondée en 1926. Cinq associations sportives se regroupent en 1920 dans "les Sports Réunis de Colmar" dont les sections de football, d'escrime, de ski, d'athlétisme et de natation connaissent un grand essor consacré en 1928 par l'inauguration du "stade des francs".
Suscitant une indescriptible animation populaire, les grandes fêtes sportives alternent avec de non moins imposantes manifestations patriotiques. Celles-ci culminent avec les fastueuses cérémonies du tricentenaire de la "réunion de Colmar à la France" en souvenir du traité du Rueil, qui se déroulent le 15 septembre 1935 en présence du président de la République Albert Lebrun. Il s'agit avant tout d'affirmer son attachement à la France en faisant contre poids à la propagande autonomiste.


Les fastueuses cérémonies du tricentenaire

La 2ème guerre mondiale, déclenchée par la politique de Hitler en septembre 1939, est marquée pour la France par de tragiques revers.
L'offensive de la Wehrmacht du 10 mai 1940.
Paris, déclarée ville ouverte, est occupée.
A partir du 15 juin, les divisions massées sur la rive droite du Rhin attaquent la ligne Maginot tenue par les troupes de forteresse.
Le 15 juin, des groupes d'Allemands traversent le fleuve.
Le 16 juin 1940, l’offensive se déclenche, violente, entre Marckolsheim et Neuf-Brisach et les allemands progressent sur Colmar.
Le commandement français a d'abord l'intention de défendre la ville, mais les instances des autorités locales, soucieuses de voir épargnée la cité en décident autrement. Les troupes se retirent vers la vallée de Munster. Colmar est déclarée ville ouverte.

Les troupes allemandes progressent rapidement vers les vallées de Munster et de Kaysersberg.
Les autorités nazies s'installent à Colmar, remettent en route les services de la ville devenue Kolmar. (19 juin 1940). Dès ce jour le gouvernement allemand proclame le traité de Versailles de 1919 nul et annexe de fait l’Alsace au Reich et ceci avant la signature de l’armistice.
Le plus grand désarroi règne à Colmar et en Alsace.
Le gouvernement allemand prend des mesures rapides : l'Alsace n'existe plus, elle est réunie au Pays de Bade sous le nom "Gau Oberrhein".

L'Alsace annexée (et non occupée comme le reste de la France) est intégrée au Reich et soumise à la législation allemande.
Les mesures se succèdent à un rythme rapide ordonné par le Gauleiter : destruction des monuments français, celui du général Rapp d'abord. La statue est mise en pièces (sauvée cependant et cachée au musée).
Pour le monument de l’amiral Bruat, les statues de grés des continents sont mises en pièces à deux coups de marteau, mais les têtes sont également sauvées.
Reste entière la statue en bronze de l’amiral qui survit au désastre.
Ces mesures soulevèrent la fureur et la révolte de tous.


L'Amiral Bruat


Statue du Général Rapp


Les statues de grés détruites...

Le 25 août est proclamé pour les jeunes alsaciens le service militaire obligatoire dans la Wehrmacht. C'est le drame des Malgré-Nous qui devait marquer douloureusement la conscience alsacienne.
Avec violence, la police allemande traque ceux qui manifestent des sentiments français notamment ceux qui, bientôt, entrent dans la Résistance, les passeurs en premier lieu. Dès l’automne 1940, par petits groupes, des colmariens se sont entendus pour faire passer de l’autre côté des Vosges des prisonniers français évadés. Ils transmettent en même temps en France des renseignements d'ordre militaire et économique. Les principaux meneurs dont Joseph Rey, le futur maire de Colmar, fut l’un des meneurs.
Après quelques mois le réseau prend de l’ampleur.
Mais par suite d'imprudences, la police allemande a vent de ces menées.
Le 1er avril 1942, elle arrête et emprisonne les chefs de réseau (26 personnes).
Le 18 février 1943, après 10 mois de détention le "Sondergericht" à la Cour d'Appel de Colmar condamne les uns à la peine de mort, les autres à de longues peines de prison comme Joseph Rey, incarcéré à la prison de Fribourg.

Cependant un autre groupe de résistants s'est formé pendant l’hiver 1941. Il s'affiche au réseau Kléber-Alsace, antenne Uranus, de caractère militaire en liaison avec le 2ème bureau. Il s'agit à Colmar notamment des frères Robert et Edmond Boroco.
Mais bientôt, dans la nuit du 14 au 15 décembre 1942, leur activité est décelée. 16 membres sont arrêtés et transférés dans des prisons allemandes. Ils condamnent les uns à la peine de mort pour espionnage, pour haute trahison, les autres à des peines de mort, dont Edmond Borocco, qui revenu à Colmar, réussit à fuir en Suisse.
Malgré ces échecs, la résistance à Colmar prend une ampleur toujours plus grande.
Au temps des victoires et de l’arrogance ont succédé à partir de 1943, pour l’Allemagne Hitlérienne le temps des revers et en 1944 les grandes défaites, surtout après le débarquement des alliés en juin et la libération progressive de la France en août et en septembre.
Cependant les allemands se ressaisissent et procèdent à de grands travaux de fortification.
A Colmar même, jeunes filles et femmes doivent aider à creuser le fossé antichar qui ceinture la ville. Soudain en novembre, se déclenche l’offensive de la Première Armée Française commandée par le général Jean de Lattre de Tassigny Elle rompt le front allemand, conquiert Belfort et pousse jusqu'au Rhin, libérant Mulhouse le 21 novembre. Deux jours après (le 23 novembre), la 2ème Division Blindée du général Leclerc, s’empare de Strasbourg dans une chevauchée épique.
Tandis qu'à Colmar, la résistance allemande se rendit.

Le 7 décembre Heinrich Luitpold Himmler vient lui même et proclame la défense à outrance du "Brückenkopf - la Tête de Pont de Colmar" appelé par les français la "poche" de Colmar.
Les troupes françaises sont arrêtées au nord de Mulhouse et au sud de Ribeauvillé et de Riquewihr et libérées au début du mois de décembre.
Le 22 janvier 1945, malgré le froid et la neige, le général de Lattre de Tassigny lance l’offensive en tenaille pour libérer Colmar qui doit rester intact et atteindre le Rhin à Neuf-Brisach. Colmar est contourné par le nord et l’ouest, Andolsheim est atteint le 31 janvier. Dans la nuit du 1er au 2 février, se place la manoeuvre hardie du général Guy Schlesser commandant le CC4 de la 5ème Division Blindée, qui revenant par Bischwihr vers le nord et se rabattant par Houssen, franchit le fossé antichar et bouscule les nids de résistance allemands.

Les chars s'enfoncent dans le centre de la ville, arrivent au Champ de Mars, à la gare, aux quartiers sud et ouest et poursuivent leur avancée vers les villages de Wintzenheim, Wettolsheim et Eguisheim, atteints dans la soirée. Dans la ville libérée, c'est une explosion de joie, le général Henri de Vernejoul, commandant la 5ème DB, prend la responsabilité de la sécurité. Le 152ème RI par ordre du général de Lattre de Tassigny va retrouver sa garnison de 1939.
Ce n'est que le 9 février, après une bataille de 21 jours que la Poche de Colmar est résorbée.
Le 11 février 1945, le général Charles de Gaulle, chef du gouvernement provisoire de la République française assiste, sur la place Rapp, à la prise d'armes franco-américaine.

A voir document INA






A voir : le musée de la poche de Colmar à Turckheim


A voir : Le Mémorial d’Alsace Moselle à Schirmeck

L'histoire de Colmar (10) - L'infrastructure interne se développe...

Le réseau de distribution d'eau est totalement rééquipé dans les années qui suivent la construction du château d'eau par l’ingénieur bâlois Grüner (1884 -1886.
Pour l’installation du gaz, l’usine municipale construite sous le Second Empire fait place à des équipements plus modernes (1878 et 1890).
L'éclairage électrique se met en place à l’extrême fin du siècle (1899) sous la forme de lignes aériennes qui transmettent le courant produit dans une centrale thermique (agrandie en 1906).

Les transports en commun apparaissent en 1881.
Une ligne hippomobile relie la gare au canal jusqu'à son remplacement par le tramway à partir de 1902.
En 1914, la deuxième ligne joint la route de Bâle à la route de Strasbourg.
La gare de Colmar de 1841 est remplacée par celle que nous connaissons actuellement qui est mise en service le 1er mai 1907. En 1878 l’annexion permet d'ouvrir la ligne de Neuf-Brisach et par conséquent de rallier Fribourg en Brisgau.
Le 3 septembre 1882, le déraillement d'un train de plaisir fait près d'une centaine de victimes et quelques centaines de blessés.
Le réseau ferroviaire s'étend aussi bien dans la plaine, avec la liaison Colmar-Horbourg - Marckolsheim (1890) qui dessert le port du canal lui même agrandi en 1886 et la ligne Ensisheim-Bollwiller (1898) que dans la vallée vosgiennes avec la construction du tronçon Munster-Metzeral (1893) et de la voie métrique de Kaysersberg (1885).
L'ouverture de la ville bénéficie au même moment d'une bonne infrastructure postale avec l’inauguration de la nouvelle poste (1893) et l’ouverture de deux bureaux, l’un à la gare (1880 transféré en 1907) et l’autre rue du Nord (1893). Un central téléphonique construit en 1891 est raccordé sur les lignes des vallées (1892-1893.
L'évolution économique de Colmar s'explique par un certain nombre de moteurs.
La Chambre de Commerce fondée le 18 juin 1870 et rétablie un an plus tard sous l’impulsion de ses présidents, le premier Edmond Fleischhauer (1870-1896),A. Scheurer (1896-1905) puis André Kiener (1905-1928.

Les banques à Colmar.

2ème volet de cette modernisation.

En 1914, cinq banques ont des agences en ville, notamment la Société Générale. L'essor du crédit reflète les mouvements de la conjoncture. Ainsi la Caisse d' Epargne rouverte en 1872 connaît une expansion très rapide qui l’oblige à essaimer à Munster.
La ville accueille plusieurs congrès oenologiques ou des expositions (1875-1877-1885 -1895). La reprise se confirme dans les dernières années du siècle sous l'impulsion de Christian Oberlin dont l'institut viticole est crée en 1898 avec l’appui de la municipalité, de la Chambre d' Agriculture et de la Société d'Horticulture fondée par Charles Koenig en 1869. La formation professionnelle est encouragée par la création de cours d'hiver (1898) au moment où le marché est réorganisé (bourse aux vins 1897). La profession s'organise (Association des Viticulteurs d’Alsace - 1911).
Capital haut-rhinoise de l’agriculture, la ville est dotée d'une station agronomique dans l’ancien couvent des Catherinettes en 1896.

3ème élément de la prospérité.

L'essor de l’activité commerciale. Le nombre de magasins augmentent (+ 160 %), boulangers (49 en 1880, 74 en 1910), les médecins (16 en 1880, 25 en 1901)...

L'esprit frondeur de Hansi (Jean-Jacques Waltz) s'affirme dans les années 1906 -1908 lors de l’inauguration du Haut-Koenigsbourg restauré par l’Empereur Guillaume II



En 1909 lorsque le proviseur Gneisse publie un article sur la nécessité de germaniser une province dont les habitants sont peu sûrs et peuvent servir d'indicateurs pour l’ennemi, le caricaturiste réplique par une série de dessins qui lui valent un procès. Accusé d'avoir fait circuler ces dessins insultants, Emile Wetterlé est condamné à 2 mois de prison, et salué comme un héros au terme de cette villégiature forcée dont il donne un récit plein d'humour. La parution de "l’histoire d'Alsace racontée aux petits enfants par l’oncle HANSI" (1912) et de "Mon village" vaut à leur auteur quelques nouveaux procès et une très grande célébrité.





L'année s'ouvre sous un ciel sombre écrit Mgr Frey dans son journal le 1er janvier 1914. Deux mois après l’attentat de Sarajevo, le 28 juin 1914, Colmar est devenue une ville de front. Début août les francophiles sont proscrits, arrêtés comme Jacques Preiss, qui moura en déportation, ou exilés comme Emile Wetterlé ou Daniel Blumenthal.
Pendant 4 ans Colmar va vivre sous le régime du gouvernement militaire. La germanisation atteint un degré jamais vu : prescription des inscriptions françaises (verdeutchung) ou des journaux comme le nouvelliste, changement des noms de rues comme la route de Rouffach qui devient la "Kayserallée". Pour la population civile, les privations se font de plus en plus sentir. "La monnaie de nécessité" est introduite dès 1914 avec les cartes de ravitaillement...

L'histoire de Colmar (9) - Soins et santé

Installé dans l’ancien couvent des Franciscains depuis le milieu du 16ème siècle, l’hôpital accueille après le rattachement de Colmar à la France le "Welsche Spital", hôpital militaire pour les soldats de la garnison. En 1735, un incendie détruit la plus grande partie de l’ancien couvent. Sur son emplacement est construit entre 1735 et 1744 un nouvel hôpital. La qualité des soins à l’hôpital laisse à désirer.


L'ancien hôpital

Le service médical est organisé par Louis Gabriel Morel (1769 -1842) qui y exercera 40 ans et sera remplacé en 1840.
Abandonnée par les médecins depuis le Moyen-âge, la chirurgie est exercée par des artisans jusqu' à la révolution. Les barbiers se chargent d'opérer les malades, font des saignées, pansent les plaies, ouvrent les abcès et réduisent les fractures et les luxations. A Colmar la corporation des chirurgiens barbiers, trop peu nombreuse pour former une tribu, est d'abord inscrite au sein de la tribu des bouchers avant de se retrouver à la tribu du Géant en compagnie des tonneliers, des cuvetiers, cabaretiers et ailleurs. La corporation des chirurgiens disparaît avec le Révolution et la chirurgie s'intègre progressivement à la médecine.
En 1803, l’ouverture de l’école des sages-femmes du Haut-Rhin améliore leur situation. Gabriel-Louis Morel y enseigne. Les dépenses de fonctionnement sont à la charge du département, l’enseignement est gratuit.
Fils de Gabriel Morel "médecin physicien de la ville, démonstrateur d'anatomie, de chirurgie et en l’art des accouchements" Louis Gabriel Anaclet Morel symbolise les progrès de la médecine à Colmar. Chirurgien militaire participant au siège de Mayence, il est chargé en 1793 d'organiser l’hôpital militaire et il sera nommé en même temps médecin en second de l’hôpital civil. Morel a été également maire de Colmar de 1813 à 1815 et de 1832 à 1841. Son rôle est déterminant dans la création de l’école d’accouchement en 1803 et dans l’introduction de la vaccine(1er vaccin mettant fin aux épidémies de varioles) dans le département.
Le nouveau théâtre est inauguré en 1849. Erigé par l’architecte parisien Louis-Michel Boltz et décoré par Louis Boulange, il succède au théâtre de la rue des Augustins, détruit par un incendie en 1841.
L'ancien couvent des Unterlinden, après un demi siècle d'affectation militaire, devient musée grâce à l’action de Louis Hugot, archiviste et bibliothécaire de la ville et de la société Schongauer dont il est le fondateur (1849).

La guerre éclate en plein été, le 19 juillet 1870. Contrairement à la Basse Alsace, le Haut-Rhin reste en deçà du front jusqu'au mois de septembre et peut par conséquent s'organiser. Colmar conserve son administration confiée d'abord au préfet Salles puis après le 4 septembre à l'industriel libéral Jules Grosjean. La défense de la ville est assurée par des francs-tireurs de la région parisienne et par des volontaires comme Frédéric-Auguste Bartholdi.


La maison natale d'Auguste Bartholdi





Détail de la maison du créateur de la statue de la Liberté




L'occupation prussienne entre dans les faits au courant de l’automne, avec l’arrivée de fonctionnaires civils comme le baron Von der Heydt qui remplace le préfet.
Jusqu'au 10 mai 1871, la ville demeure dans une situation très ambiguë, le conseil municipal reste en place, mais les institutions françaises sont totalement démantelées, car beaucoup de membres refusent de servir, faisant suite aux ordres de Léon Gambetta.
A cette date, la population colmarienne ne se fait pas d'illusions. Le traité de Francfort apparaît comme une fatalité qu'il s'agit d'accepter pour ne pas le subir.
Prévue par le traité de Francfort (10 mai 1871), la faculté d'opter pour la nationalité française est largement sollicitée par la population. Au total Colmar perd 3587 personnes (15 %) bien plus que l’ensemble du Haut-Rhin (5,2 %). Bartholdi fait lui même le serment de ne plus jamais revoir sa ville natale et s'embarque pour les Etats-Unis. Camille Sée et Jean Macé vont devenir les patriarches de l’instruction publique française, l’un en ouvrant aux filles l’enseignement secondaire, l’autre en fondant la ligue de l’enseignement.
Pourtant à la fin du 19ème siècle, les mémoires s'assoupissent et reniant sa promesse, Bartholdi vient visiter Colmar.
La question de paupérisme est attisée par la croissance démographique. En 1880, la ville est divisée en 40 îlots, confiés à des inspecteurs des pauvres. Les distributions de repas sont très impressionnantes puisqu'elles atteignent 10 hl de soupe par jour et justifient la construction d'un bâtiment spécial (actuelles archives municipales) en 1903.

Colmar a conservé son allure de chef lieu. L'administration allemande conserve pratiquement toutes les fermes de l’ancien département. La germanisation est très marquée dans le domaine de l’enseignement.
En 1871, la réouverture du lycée impérial est assurée par une douzaine de professeurs allemands et par trois autochtones. Dès 1873, l’allemand devient langue officielle.
Deuxième agent de germanisation : Colmar devient une place de guerre avec la construction des casernes de la route de Strasbourg (1888 -1890) et de l’hôpital militaire (1893 - 1895).
Les unités stationnées à Colmar sont toutes originaires d'Outre-Rhin et plus particulièrement de Prusse.
En 1883, le français est proscrit des textes officiels.
Le point sur les élections législatives au Reichtag de 1874 -1912 : Les catholiques avec comme chef le curé de la ville Mgr Etienne Frey. Les candidats du parti catholique à la députation étaient attachés aux traditions locales et décidés à ne pas capituler devant la Prusse. Charles Grad est le fer de lance de ces notables autonomistes (1842-1890). Disparu prématurément, il est remplacé par l’avocat protestant Jacques Preiss (1859-1916), député de 1893 à 1912 qui bénéficie d'un soutien de la presse catholique et de son bouillant dirigeant l’abbé Emile Wetterlé (1861-1932). Maître du journal de Colmar en 1893, il se révèle comme un polémiste cinglant. Emile Wetterlé est élu dans la circonscription de Ribeauvillé en 1898 et le reste jusqu'à la guerre.
L'adversaire principal est l’avocat Heinrich Ruland. A défaut de pouvoir rassembler une majorité véritable, ces gouvernementaux s'emploient à détourner les notables libéraux d'origine alsacienne comme Daniel Blumenthal (1860 -1930) chef de la Volkspartei qu'il a fondé en 1890. Cet avocat opportuniste finit par rechercher l’alliance des catholiques et se rapprocher de Wetterlé ce qui lui permit de rester maire (1908).
En 1871, le passage de Colmar sous la tutelle du Reich laisse le conseil municipal intact. Ce n'est qu' en 1877 et pour 3 ans seulement que le poste du maire Hercule de Peyerimhoff est confié à un commissaire allemand.
La manoeuvre est très mal accueillie.

De 1880 à 1896, la ville est dirigée par un excellent gestionnaire, Camille Schlumberger, qui a l’appui des catholiques sans indisposer l’occupant. Sa politique de modernisation se double d'un souci moraliste.
C'est lui qui le premier engage la lutte contre la prostitution et met un terme aux maisons closes (1881).

L'histoire de Colmar (8) - Rail

Mise en service de la ligne Strasbourg - Bâle (1841), une halte ferroviaire provisoire est aménagée à Colmar. Achevée en avril 1842 (inaugurée le 15 avril), la première gare locale s'érige au débouché de la rue Bruat sur la rue de la gare. L’édifice actuel a été achevé en 1906 et ouverte au trafic le 1er mai 1907. Il faut attendre également la fin du Second Empire pour la réalisation de la ligne Colmar-Munster (inaugurée en 1869) et le démarrage des études de la ligne Colmar-Neuf-Brisach (qui ne sera ouverte qu'en 1877.
Reflétant le dynamisme de la nouvelle fonction économique de Colmar, de nombreux hommes d'affaires ou homme de science se distinguent hors de leur ville natale : le chimiste Charles-Frédéric Kuhlmann (1803 - 1881), créateur d'une puissante entreprise à Lille, ancêtre du groupe Péchiney-Ugine Kuhlmann, Charles-Xavier Thomas (1785-1870), promoteur des grandes compagnies d'assurance de France, inventeur de la première machine à calculer industrielle (l’arithmomètre), ancêtre de l’ordinateur.

L'histoire de Colmar (7) - Les tribus

Quant à l'artisanat local, il est régi jusqu'à la Révolution par le système corporatif représenté par dix tribus portant les noms de leurs poêles respectifs et regroupant plusieurs professions ou corps de métiers :
1- "A la Fidélité" (Zur Treue) : marchands, merciers, tailleurs, tondeurs de
draps, passementiers, boursiers, gantiers, cordiers, vitriers, peintres, scribes,
rentiers ;
2- "Au Géant" (Zum Riesen) : tonneliers, cuvetiers, tourneurs, gourmets,
aubergistes, apothicaires, chirurgiens, barbiers, perruquiers, baigneurs ;
3- "Aux Agriculteurs" (Zu den Ackerleuten) ;
4- "Au Dévidoir" (Zum Haspel) : jardiniers, maraîchers;
5- "Aux Vignerons" (Zu den Rebleuten) ;
6- "A la Couronne" (Zum Kränzchen) : boulangers, meuniers, fariniers ;
7- "Au Lion" (Zum Lôwen) : bouchers, tripiers, pêcheurs, bateliers;
8- "A la bonne vie" (Zum Wohlleben) : cordonniers, selliers, tanneurs,
chamoisseurs ;
9- "A l'Aigle" Zum Adler) : tisserands, pelletiers, bonnetiers, chapeliers,
teinturiers, blanchisseurs;
10- "Au Sureau" (Zum Holderbaum) : forgerons, charrons, serruriers, armuriers,
chaudronniers, couteliers, cloutiers, orfèvres, horlogers, poêliers, potiers, tuiliers,
tailleurs de pierre, maçons, menuisiers, charpentiers.

Le 10 août 1793, les emblèmes des corporations locales, dissoutes 3 ans plus tôt, sont livrés aux flammes en cours de réjouissance publiques.

Le canal d'embranchement ainsi que l’ouverture du port ont été inauguré par le maire Peyerimhoff le 13 novembre 1864.

L'histoire de Colmar (6) - L'ère Napoléonienne

Le 2 mars 1800, Colmar accueille le premier préfet du Haut-Rhin Jean-Baptiste Harmand, tandis que le poste de maire est confié au notaire Max Anton Richert. La ville retrouve sa fonction de capitale judiciaire régionale avec la création du tribunal d'Appel qui devient la Cour d'Appel en 1804 puis la Cour Impériale en 1811. Sa présidence échoit à un ancien avocat au Conseil Souverain d'Alsace, Schrirmer qui obtient le titre de baron d'Empire.
La ville commence à changer de physionomie et déborde de son enceinte. Au nord de la cité sont aménagées la place et la promenade du Champ de Mars, théâtre de toutes les grandes manifestations publiques.
L'intervention des autorités dans le domaine sanitaire se traduit également par la création d'une école de sages-femmes placée sous la direction du médecin chirurgien Anaclet Morel
En mai 1813, ce dernier est nommé par décret impérial maire de Colmar (Mandat de courte durée.

Un colmarien célèbre traverse sans dommage le changement de régime. Il s'agit du général Jean Rapp.


La statue du Général Rapp d'Auguste Bartholdi


Le général Jean Rapp


Le 29 juillet 1830, les opposants locaux aux ultras, groupés autour des anciens maires Anaclet Morel et Jean-Philibert Minangoy, se constituent en comité exécutif provisoire et s'emparent de la direction des affaires publiques, soutenus dans leur action par un groupe armé d'une cinquantaine de jeunes gens.
Une milice d'environ 3 000 citadins en armes est constituée, afin de faire face à un éventuel retour en force de la garnison loyaliste.
Le 31 juillet 1830, le drapeau tricolore fait son apparition tandis que le maire Baron Jean Chrysostome Louis de Muller est contraint d'arborer la cocarde. Il est peu après démis de ses fonctions au profit de Anaclet Morel qui retrouve son poste à l’hôtel de Ville le 1er septembre.
La ville devient le siège du comité central de la nouvelle garde nationale du Haut-Rhin.
Accompagné par ses fils les ducs d'Orléans (Ferdinand Philippe) et de Nemours (Louis 1er), Louis Philippe séjourne les 21 et 22 juin 1831 à Colmar.
En 1833, une taxe sur les produits de vendange est étendue au vin de consommation courante. Les 26 et 27 octobre 1683, l’émeute de la piquette oppose les vignerons colmariens aux détachements de troupes envoyés pour maintenir l’ordre. Mobilisée par ordre du préfet, la garde nationale refuse d'intervenir. Elle sera dissoute le 3 novembre.
Le docteur Gabriel Louis François Anaclet Morel envoyé au Conseil Général par les électeurs colmariens quitte ses fonctions municipales en 1841, remplacé par le négociant Charles Joseph Chappuis.
Il s'attelle d'abord au projet de construction d'une caserne de cavalerie, nécessitant une mobilisation des ressources communales. La municipalité décide ainsi de procéder à l’adjudication de toutes les coupes effectuées dans les forêts communales, en supprimant le droit d'affouage des habitants de Colmar. Cette mesure débouche sur l’émeute du bois déclenchée en juin 1842 et qui rentrera rapidement dans l’ordre. Mais la vieille coutume de la distribution gratuite de bois restera oubliée.

A noter aussi sous l’ère Chappuis, la construction de la caserne de cavalerie (1844), la création de l’usine à gaz et de l’éclairage public (1845), l’ouverture de l’école primaire Saint-Nicolas (1846), la fondation de la société Schongauer (1847) qui donna naissance au musée d'Unterlinden, la création de la régie municipale (1848) et enfin la construction du nouveau théâtre municipal (1849).



Charles Joseph Chappuis jugé trop mou dans les circonstances difficiles de l’épidémie du choléra qui atteint Colmar, dans l’émeute des maraîchers dite "guerre des Concombres" et face aux troubles populaires, le nouveau préfet Cambacéres démet Chappuis de ses fonctions, en mai 1855 et le remplace par Marie Hercule Jean-Baptiste de Peyerimhoff.
La même année, un enfant de Colmar, Armand Joseph Bruat est promu amiral de France.
Le conflit franco-allemand qui se déclenche en 1870 marque pour Colmar et pour l’Alsace la fin d'une époque.


L'Amiral Bruat



Dès le 14 septembre 1870, des avants postes badois lancent une attaque en ville, où le sculpteur Frédéric Auguste Bartholdi alors adjudant major de la garde nationale de Paris constitue en hâte une petite troupe armée.
Mais la ville est investie et occupée par les troupes ennemies. Les premières instances administratives "prussiennes" font leur apparition à Colmar plusieurs mois avant que l’annexion ne soit prononcée. Dès le 1er novembre 1870, un président du district de Haute-Alsace, le baron Von Der Heydt, prend possession de la préfecture.
Le 10 mai 1871 le traité de Francfort ratifie officiellement la cession de l’Alsace - Lorraine à l’Empire Allemand.
Colmar conserve au 18 et 19ème siècle un secteur agricole important, la zone rurale dépendant de la ville est vaste (6659 ha) et diversifiée. A l’ouest les cultures céréalières voisinent avec le vignoble de plaine que l’on retrouve aussi au nord et sur les sols caillouteux de la hardt.
S'étirant vers le nord, les prairies humides du Ried permettent l’élevage des vaches laitières, du gros bétail de boucherie et des chevaux. Mais les bêtes sont également dispersées sur les jachères.
Au sud-est, les terrains alluviaux très fertiles, sont le domaine des cultures maraîchères. A noter aussi un domaine forestier étendu et une pèche importante pratiquée dans les rivières.

En 1842 est fondée à Colmar, à l'initiative du préfet, la Société Départementale d'Agriculture.
En 1843 est crée la Société des Viticulteurs du Haut-Rhin. Siégeant à Colmar, la société essaie en vain de faire connaître les nouvelles méthodes de traitement de la vigne et du vin.
En 1869 apparaît la Société d'Horticulture et de Viticulture de Colmar. C'est également sous le Second Empire qu'est lancée puis reprise l'idée d'une bourse aux vins visant à faire de Colmar le marché principal du vignoble alsacien.
L'essor du négoce local est désormais indissociable de l’industrialisation et culmine en 1870 avec la fondation de la Chambre de Commerce.

L'histoire de Colmar (5) - La période 1679-1871...

La période 1679-1871 constitue pour Colmar la période française.

La cité subit les vicissitudes que connaît alors le royaume de France : révolution de 1789 et instauration de l’égalité civile, mise en place du régime consulaire et napoléonien.
La ville devient chef lieu du département du Haut-Rhin, dans lequel pénètre en 1798, la ville de Mulhouse.
Le 3ème traité de Nimègue, signé le 5 février 1679 entre les représentants de Louis XIV et ceux de l’empereur Léopold 1er de Habsbourg étend à toute l’Alsace la souveraineté du roi.
Les opérations de la guerre de 30 ans et de la conquête française en Haute Alsace affirme le rôle de la place militaire de Colmar, première ville de la région par son importance et la plus proche du bastion rhénan de Brisach. Il est normal que la vieille cité de la Décapole conserve cette fonction au sein de la province réorganisée par l’administration royale.
Une initiative privée.
En 1770, le poète colmarien Théodore Conrad Pfeffel crée une Académie militaire accueillant de jeunes bourgeois et nobles protestants qui pourront ainsi entrer comme officiers dans les régimes étrangers au service de la France.

Le transfert à Colmar du Conseil Souverain d'Alsace est prescrit par lettres patentes du 18 mars 1698. Il est préconisé par le marquis d'Huxelles, commandant de la province, et surtout par le conseiller Jean-François Dietremann, prêteur royal de Colmar. De la ville de Landau au nord jusqu' au comté de Belfort au sud, le Conseil Souverain englobe en effet dans son ressort toute la province d'Alsace (dont reste exclue jusqu' en 1798, la petite république de Mulhouse)
Installé dans les locaux peu appropriés de l’ancien Waagkeller où il tient sa première séance le 20 mai 1698, le Conseil Souverain d’Alsace attend cependant près de 70 ans pour être doté d'un bâtiment à sa mesure. Edifié par l’architecte Jean-Baptiste Alexandre Chassain de 1769 à 1771, le palais abritera la Cour d'Appel durant tout le 19ème siècle, le TGI par la suite.
Dès la création de l’Assemblée provinciales d'Alsace au mois de juin 1787, Colmar devient le chef lieu de l’un des six districts provisoirement définis en vue de la préparation de la réunion des Etats Généraux.
Bientôt les élections aux Etats Généraux appellent deux avocats colmariens Jean-François Reubell et Jean-Bernard Albert à siéger parmi les nouveaux députés.


Jean-François Reubell

Les 7 et 8 août ont lieu les premières élections municipales érigeant face au magistrat un nouveau conseil composé d'un syndic, en la personne de Daniel Adameggerle.
Le 3 février 1790, de nouvelles élections épurent la municipalité désormais présidée par un maire Etienne Ignace de Salomon, second président au Conseil Souverain d'Alsace, institution dont la suppression est ordonnée par la loi du 16 août 1790.

C'est l’époque où le député Jean-François Reubell, futur chef de l’Etat, préside l’Assemblée Législative. Quand à son épouse, née Marie-Anne Mouhat, elle donne son prénom à la "Marianne" républicaine.
En marge de nombreux transferts de propriétés, déclenchés par la vente des biens nationaux, la dissolution des communautés religieuses libèrent les couvents et permet à la commune d'installer une nouvelle prison (Augustins) un atelier de charité (Capucins) un hôpital militaire (Catherinettes) une halle aux blés et une caserne de gendarmerie (Dominicaines), un magasin à fourrages (Eglise protestante, ancienne église des Franciscains). Tandis que la collégiale Saint-Martin est érigée en cathédrale puis transformée en temple de la raison.

Toutes ces mesures suscitent des réactions hostiles, qu'illustre l’émeute déclenchée le 4 février 1791, par l’arrivée des commissaires du roi, dont Marie Jean Hérault de Séchelles, chargés de veiller à la bonne organisation des instances administratives révolutionnaires. Barricadés dans l’Hostellerie des Six Montagnes Noires, les commissaires sont dégagés grâce à l'intervention d'un groupe de bateliers armés de gourdins et dont le meneur, l’officier municipal Martin Stockmeyer verra son action magnifiée et citée en exemple par la diffusion de gravures relatant cet épisode.
En 1795, le poste de maire (le pelletier André Rockenstroh vient de succéder au procureur Simon) est supprimé et remplacé par la fonction de président de l’administration municipale, confiée aux négociants Emmanuel Mussel puis Jean Buob.
La création de l’arrondissement de Colmar met fin à l’existence du district, tandis que le Directoire du Haut-Rhin devient l’administration centrale du département ou brille le négociant et agronome Jean Ulrich Metzger, chargé par le gouvernement de négocier la cession de Mulhouse à la France, opérée en 1798. Une époque s'achève.
Tandis que dans le domaine militaire, le colmarien Jean Rapp devient l’aide de camp d'un certain général Bonaparte.

L'histoire de Colmar (4) - La collégiale Saint-Martin

La collégiale Saint-Martin, la cathédrale des Colmariens.
Les étapes de la construction de l’édifice s'étendent à peu près des années 1230-1240 à 1370. Le transept, puis la nef, sont achevés entre 1260 et 1300 par Humbret, premier grand maître du Gothique à Colmar. La façade est élevée dans la première moitié du 14ème siècle, alors que les travaux du choeur, oeuvre présumée de Guillaume de Marbourg, débutent en 1350.

Les deux fleurons de l’ordre mendiant sont l’église des Dominicains et celle des Franciscains.


L'église des Dominicains

Toutes deux amorcées à la fin du 13ème siècle et achevées avant le milieu du 14ème siècle présentent des traits communs de l’architecture des Ordres mendiants : une grande sobriété extérieure, à l’intérieur, un choeur voûté réservé aux usages conventuels. L'église des Franciscains a connu au cours des siècles un certain nombre de mutilations qui ont altéré son image primitive : suppression d'un collatéral sud, installation en 1715 d'un mur de séparation entre le choeur et le nef, abaissement de la nef au 19ème siècle.


Détail de la Collégiale Saint-Martin




Si l'envie d'en savoir plus sur la Collégiale Saint-Martin taraudait votre esprit,

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La vie culturelle

Georges Wickram, fils naturel de l’Obrimeister Conrad Wickram, peut être considéré comma l’animateur de la vie culturelle locale. Après 1530, il présente et produit de nombreuses pièces de théâtre de sa composition au poêle des Cordonniers dans la rue des Marchands. Il fonde à Colmar en 1546 une école de chanteurs "Meistersinger" pour laquelle il acquiert à Sélestat la fameuse "Liederhanschrift" dite de Colmar. Aujourd'hui à Munich, ce manuscrit est le plus important recueil de mélodies et de chants allemands qui renferme plus de cent mélodies de 36 auteurs différents, pour une période s'étendant du 13 au 15ème siècle. Il publie également en 1555, avec succès, un recueil d'anecdotes et d'histoires amusantes, le "Rollwagenbüchlein" dédié à son ami Martin Né, propriétaire de l’Auberge à la Fleur à Colmar.
Le théâtre connaît au 16ème siècle un succès durable et populaire. Des troupes d'amateurs, issues des villes et villages environnants se produisent à Colmar. Parallèlement, écoliers et corporations de Colmar montent leurs spectacles dont le plus important, "l’Histoire de Saint Jean Baptiste" est joué en 1573 durant 2 jours par 150 bourgeois, devant la collégiale Saint-Martin.

La Réforme protestante est introduite à Colmar en 1575. Le premier culte évangélique, assuré par le pasteur de Jebsheim, Jean Cellarius, se déroule à l'intérieur de l’église des Franciscains (dont la communauté n'avait pas été renouvelée après la peste de 1541), le 15 mai 1575, en présence du magistrat. La réforme colmarienne est tardive et communale. La communauté catholique subsiste, elle connaît cependant quelques restrictions dans l’exercice de la pratique religieuse. En décembre 1627, au moment où la fortune militaire est favorable à l’empereur, le culte protestant est aboli à Colmar.
En février 1628, un édit impérial donne le choix aux protestants d'abjurer ou d'émigrer. L'émigration de certaines familles influentes et actives provoque de sérieux désagréments dans le domaine économique, d'autant plus qu'en 1632 l’occupation suédoise modifie le rapport de forces au profit de la communauté protestante qui pour un temps reprend les rênes du pouvoir municipal.

En 1627, l’Empereur Ferdinand II de Habsbourg, champion du catholicisme, ayant triomphé de ses adversaires protestants, promulgue l’édit de restitution (1629) et impose à nouveau à Colmar le catholicisme. Peu après, la guerre s'abat avec violence sur l’Alsace. Rapidement les Suédois se rendent maîtres du pays et en novembre 1632, ils se présentent devant Colmar. Le rhingrave Otto Louis de Salm empêche le ravitaillement de la ville. Le 12 décembre Sélestat doit se rendre. Le 15 décembre 1632 les moulins "Weidenmühle" et "Mittlachmühle" flambent. La tuilerie devant la porte de Deinheim est occupée. Le 19 après consultation des corporations, le drapeau blanc est hissé et le même jour, l’armistice est signé à Horbourg. Le 20 décembre, les suédois occupent la ville. Gustave Horn le commandant en chef suédois s'installe à l’hôtel de la Montagne Noire.
Le gouvernement du cardinal de Richelieu juge le moment venu pour intervenir dans la guerre contre la maison de Habsbourg. Les Suédois, battus à Nordungen (6 septembre 1634) demandent l'intervention du roi de France. Le 9 octobre un traité est conclu à Strasbourg entre le représentant français et le résident suédois. Les places occupées en Alsace par les Suédois passent à la France. La ville gardera ses privilèges, ses magistrats, son Conseil et par le traité de paix, elle sera remise dans la situation de 1618. Le 1er août 1635, l’accord de Rueil renouvelle les stipulations de 1634 : le roi de France prend Colmar sous sa protection. La religion catholique et celle de la confession d'Augsbourg peuvent exercer librement leurs cultes. Le 3 août 1635, Louis XIV confirme cet acte.
Balthazar Schneider, prudent, adroit syndic et ardent protestant représente Colmar aux négociations commencées à Munster et Osnabrück dès 1643. Il apprend bientôt que la France victorieuse veut acquérir les possessions autrichiennes et impériales de Haute et Basse Alsace, y compris le grand baillage de Haguenau, ce qui soulève la question des 10 villes impériales. S'appuyant sur les accords de 1632 avec les Suédois et de 1634 / 1635 (renouvelés en 1644) avec le gouvernement français, Schneider défend âprement le maintien des privilèges des villes impériales. Mais bientôt ses espoirs faiblissent…

Le 13 septembre 1646 est signé le traité préliminaire entre la France et l’Empire, qui décide la cession à la France des possessions habsbourgeoises et impérial en Alsace avec le grand baillage. Pour les seigneuries immédiates et la Décapole, l’immédiateté d'Empire sera maintenue.
Cependant s'y trouve la clause équivoque et contradictoire "Ita tainen" que ce droit ne nuirait en rien aux droits acquis par le roi de France (sans que par là les droits de souveraineté soient en rien diminués). Subtilité voulue pour ménager les susceptibilités de part et d'autre, mais lourde de conséquences pour l’avenir...

Conséquence pour l’avenir.
Colmar ne s'incline pas. Au début de 1647, la ville s'adresse à la reine Christine de Suède. Malgré les efforts de Balthazar Schneider, le 24 octobre1648, la paix reprend les décisions de l’accord préliminaire de 1646. La contradiction est donc maintenue...
En exécution du traité de paix, la garnison française, installée à Colmar depuis 1635 quitte la ville en 1649. Colmar peut à nouveau se considérer comme ville indépendante. Très rapidement les difficultés commencent, la lutte éclate entre le grand bailli envoyé par le roi de France, le Comte d'Harcourt et les dix villes qui ne veulent pas abandonner les moindres droits. Dès 1656, Colbert de Croissy est installé comme intendant des domaines habsbourgeois à Ensisheim, où est crée le Conseil Souverain d'Alsace, dont il est le premier président (1657) à la séance inaugurale le 4 novembre 1658. Les dix villes envoient leurs délégués avec mission de protester contre les droits que cette cour prétendait avoir sur elle.
Colbert de Croissy, peu après, fait le tour des villes pour obtenir leur consentement. Il trouve à Colmar (5 décembre 1658) un accueil poli et froid. Le magistrat résume sa position vis à vis du Conseil Souverain et en 1659 il refuse même d'accueillir le Conseil Souverain et refuse ainsi de devenir la Capitale Judiciaire de la Province (souhait réalisé en 1698).
En 1661, le duc Mazarin, époux d'Hortense Mancini, héritier du cardinal et nouveau grand bailli, veut exiger des villes un serment de fidélité et d'obéissance.
On négocie...
Quand le duc Mazarin (Armand-Charles de La Porte, duc de Mazarin et de la Meilleraye, seigneur de Parthenay) en vient à l'idée d'une démonstration militaire, le gouvernement persuade de ne pas utiliser la force. Le roi ordonne de laisser tout en suspens, le duc Mazarin est rappelé en 1664, le sous bailli Cinq-Mars, Henri Coeffier marquis de Ruzé, le remplace.
Colmar toujours aussi tenace fait renouveler ses privilèges par l'Empereur Ferdinand III de Habsbourg en 1651, puis par l’Empereur Léopold 1er en 1659 et continue à contribuer aux dépenses de l’Empire. En 1671, le duc Mazarin exige à nouveau le serment au roi, mais se heurte à la même opposition.

Petit rappel.

Les villes impériales d'Alsace détenaient depuis des siècles, des libertés et des droits accordés par les Empereurs : elles s'administraient en pleine indépendance. Elles étaient de petites républiques, de fières personnalités politiques.
Le roi de France était une puissance étrangère. De plus les français parlaient une langue inconnue des alsaciens, ce qui donnait lieu à des malentendus continuels. Autre facteur de décision : la religion. N'oublions pas que le magistrat de Colmar était retombé entièrement aux mains des protestants.
Après 1670, l’horizon politique s'assombrit avec la guerre de Hollande. Une coalition se forme contre Louis XIV comprenant l’Empire, l’Espagne, le Brandebourg et la Hollande. La frontière de l’est est menacée.
Les troupes impériales se concentrent en Souabe et dans le proche Brisgau. "Protecteur" des villes d'Alsace, Louis XIV se rend compte du danger et décide de prévenir une offensive des impériaux.
Au début de l’été 1673, le marquis de Vaubrun est chargé par François Michel Le Tellier, marquis de Louvois de s'emparer de COLMAR. Il doit détacher le marquis de Coulanges avec 500 cavaliers, camper dans les environs immédiats de la ville et verrouiller toutes les issues. Le 22 août, Coulanges s'installe à la "Hohstegmühle", près du pont de Horbourg. Peu de jours après, par le Col de Sainte-Marie-Aux-Mines, le roi vient en Alsace. Il doit passer près de la ville ou s' y arrêter pour se rendre à Brisach.
Le dimanche 27 août 1673 doit avoir lieu la prestation du serment qui mentionne la fidélité à l’Empereur. Les autorités de Colmar sont averties que le roi en éprouverait une grande colère, ce qui causerait la ruine de la ville. La prestation du serment est annulée.
Le lundi 28 août, Louvois arrive devant Colmar. Le magistrat vient à sa rencontre pour le saluer. Coulanges est présent avec ses cavaliers qui se retirent, font volte face et s'élancent vers la porte de Deinheim ou de Brisach, gardée par le Wachtmeister Kienlein avec son escouade. Les cavaliers lui mettent la pointe de l’épée sur la poitrine, le forcent à leur livrer passage, pénètrent dans la ville, et au galop, occupent les carrefours, les portes, les édifices principaux. Les officiers se font remettrent les clefs des portes, des tours, des magasins d'armes. François Michel Le Tellier, marquis de Louvois rentre à son tour dans la ville.

Le lendemain, des troupes nombreuses d'infanterie font leur entrée, les bourgeois doivent livrer leurs armes. L'armement de l’arsenal stupéfie les français par son importance. Tout est transporté à Brisach, les forts remparts élevés vers la fin du 16ème siècle par Daniel Specklin sont démantelés.
Le mercredi 30 août 1673, vers 11 heures, le cortège royal, plus de 200 carrosses s'approchent. A cheval, Louis XIV fait le tour de la place.
Les travaux de démolition continuent sans relâche. Près de 4 000 hommes s’y sont employés.
Le magistrat Andreas Sandherr est accusé d'avoir traîtreusement livré à la ville aux français, d'avoir pactisé avec eux, de vouloir la ruine définitive de la cité et de ses libertés.

Détail de la maison du magistrat Andréa Sandherr
Détail de la maison du magistrat Sandherr

En automne 1674, les impériaux envahissent l’Alsace par le pont de Kehl.
En octobre les troupes brandebourgeoises du Grand Electeur Frédéric Guillaume 1er de Brandebourg rejoignent les impériaux. Le 17 novembre 1674, le Grand Electeur arrive à Colmar. Il est accueilli par les colmariens comme un libérateur qui leur assurerait de nouveau leurs privilèges impériaux.
Frédéric Guillaume 1er s'est installé au Waagkeller. Il y reste 6 semaines.
Le maréchal Henri de la Tour d'Auvergne, vicomte de Turenne envahit de nouveau l’Alsace par le sud, interrompt les quartiers d'hiver des Impériaux surpris et les refoulent vers Colmar. Le 5 janvier 1675 la bataille de Turckheim change le sort des armes, les brandebourgeois et impériaux défaits, se retirent en toute hâte vers le nord et repassent le Rhin.
Le 6 janvier, Turenne entre par la porte de Rouffach à Colmar.
Le magistrat craint le pire, cependant le maréchal épargne la ville.
En juillet 1675, le maréchal est tué par un boulet à Saasbach en Pays de Bade et transporté à Colmar.
En juin 1677, les Impériaux, sous le commandement du duc de Saxe, Eisenach, pénètrent en Alsace et arrivent sans difficulté à Colmar où ils séjournent pendant plusieurs jours.

Dès septembre 1677, l’armée française reprend l’offensive. Les cavaliers du maréchal François de Créquy occupent Colmar, suivis en novembre de troupes nombreuses qui s' y installent avant de s'emparer de Fribourg en Brisgau.
Le sort de la guerre tourne en faveur de la France. Les négociations commencées dans la ville hollandaise de Nimègue aboutissent à la paix le 5 février 1679.
Colmar devient "ville royale française".
En 1680, Joseph de Pons et de Guimera, baron de Montclar ordonne d'enlever les anciennes armoiries aux portes et aux édifices publics. L'aigle impérial disparaît, les fleurs de lys triomphent.

L'histoire de Colmar (3) - La décapole

Le nouveau souverain, Charles IV de France, dit Charles le Bel est à Colmar, au printemps 1354.
La ligue des 10 villes impériales se constitue sous son égide (28 août 1354). Le roi accorde à Colmar de nouveaux privilèges (1355) notamment le droit de lever une taxe sur les achats et les ventes. L’Empereur s'étant donné le droit de dissoudre la Décapole, use de ce droit peu de temps avant sa mort. Le 2 février 1378, il prononce sa dissolution et meurt en novembre 1378.

Dans le même temps, les nobles continuent à s'agiter, surtout les Wittenheim (1352) à l’origine d'incident, de complot et de lutte.
Ils se rencontrent journellement à leur maison de réunion (au Scheppelin, d'où les Scheppler - ceux de la chopine) Ils y trinquent ensemble.
En 1356 le grand bailli impérial intervient avec l’aide des autres villes, s'empare de Colmar, procède à la punition des révoltés, à la démolition des maisons des chefs révoltés de la famille des Wittenheim. Deux pierres commémoratives (la pierre des bannis) en témoignent encore dont les inscriptions constituent des monuments rares de la justice médiévale. L'une se trouve sur le pignon de l’école de musique, l’autre sur la façade d'une maison en face du Koïfhus.


En face du Koifhus



L'épreuve de force des nobles a échoué, leur défaite est difficile. Le temps des nobles est révolu (1358).
En février 1424 éclate un différend entre le magistrat et les bourgeois groupés dans les corporations. Le magistrat et le Conseil venaient de décider l'introduction de nouvelles taxes. Les bourgeois rechignent et reprochent au magistrat et au Conseil, installés au Waagkeller leur mauvaise gestion financière.

L’Espace Culturel
Les poêles des corporations ainsi que la maison de la danse, "Das Tanzhus", citée en 1370, constituent les maisons de loisirs par excellence.
Les "Kirchweihen", fête de la dédicace des églises, sont des jours de fête où banquets, beuveries et danses se succèdent jusqu'à l’excès. Celle des Franciscains, le premier dimanche de septembre, la plus populaire attire des marchands forains, les musiciens, les jeux.
Elle organise des concours d'arbalète, elle sert de cadre à des bals et danses publiques dont parfois les abus entraînent le retour à une réglementation rigoureuse (en 1352) ou l'interdiction (en 1450.

L'histoire de Colmar (2) - La ville

Colmar, fortifié par Albin Woelfelin de Haguenau vers 1220, comptait 19 hectares.
3 portes munies chacune d'une tour mettaient la ville en communication avec l’extérieur.
Au nord à l’extrémité de l’actuelle rue des boulangers, Le Kerkertor (la porte de la prison). On sortait par là pour gagner la vallée de Munster, le col du Bonhomme ...

Le Kerkertor

A l’est à l’extrémité de la Grand'Rue près de l’église protestante, le "Deinheimertor" (la porte de Deinheim) menait vers le tout proche village du même nom et aussi vers l’Ill.
Enfin du coté sud, le "Steinbrückertor" situé au bord de la Lauch. Cette porte était précédée du Pont de Pierre qui franchit la rivière et qui relie la Krutenau, alors à l’extérieur de la muraille, et la ville, des alentours (1220).
On passait par là pour gagner Bâle.
La ville déborda très vite et des faubourgs se formèrent à l’extérieur de chacune des 3 portes dont ils prirent le nom.
La Kerkertor Vorstadt (1252)
La Deinheimertor Vorstadt (avant 1287) et la Steinbrückertor Vorstadt (avant 1342) rapidement entourés de murailles.
Colmar avait plus que triplé sa surface et comptait désormais 68 hectares.
L'alimentation des fossés baignant les remparts avait nécessité la construction de deux canaux dérivés de la Fecht. Le premier en amont, le second en aval de Turckheim. Le Tiefenbach qui amenait de l’eau dans le fossé près de l’Oberhof et le Logelbach qui existe toujours. Grâce à son fort courant, ce dernier actionnait de nombreux moulins à eau, ce qui lui a valu le nom de Muhlbach.
Dans toute ville importante, délivrer le tombeau du christ des mains des infidèles était une préoccupation majeure pour tout bon chrétien. Aussi l’un des ordres militaires était-il représenté.
A Colmar c'étaient les hospitaliers appelés aussi chevalier de l’ordre de Saint-Jean qui possédait au bord de la Lauch depuis 1127 une commanderie. On comptait 10 hospitaliers à Colmar en 1297. Leurs tâches : recruter des chevaliers pour lutter contre les infidèles, contribuer à financer cette lutte, servir de retraite à ceux qui ne pouvaient plus combattre, héberger les pèlerins. Et les malades, quand à eux, étaient soignés dans une annexe.

Les chevalier de l'ordre de Saint-Jean



Autre champ d'activité de l’église : les femmes sans mari.
Elles cherchaient à se grouper pour pouvoir vivre décemment. Les ordres mendiants intervenaient alors pour les encadrer.
Vers 1230, deux jeunes veuves pieuses et riches, Agnès de Mittelheim et Agnès de Hergheim se retirèrent avec leurs enfants dans un faubourg à l’extérieur des remparts. D'après les tilleuls qui ombrageaient les lieux, on appela cette maison "SUB TILIA" en latin, "UNTER LINDEN" en allemand.
En 1232, en compagnie d'autres veuves nobles, elles quittèrent la maison devenue trop petite, s'installèrent hors de la ville près d'une chapelle consacrée à Saint-Jean, à l’emplacement de l’actuelle rue des Moulins. Elles se placèrent sous l’autorité des Dominicaines de Strasbourg et se construisirent un couvent.
En 1245, elles devinrent de vraies religieuses, des Dominicaines. En 1252, elles retournèrent à Unterlinden après des menaces de guerre entre le pape et l’empereur jusqu'aux portes de Colmar. Elles y construisirent leur couvent, l’actuel musée d'Unterlinden.
Colmar eut aussi son hôpital des pauvres qui faisait fonction de maison de retraite pour les personnes âgées, d'orphelinat et d'hôpital, construit en 1255 à l’emplacement de l’actuel collège Victor Hugo et pourvu d'une chapelle du Saint-Esprit.