L’aboutissement de la guerre est perceptible dès la fin de l’été
1918.
C'est dans un climat glacial que l’
Empereur Guillaume II effectue sa dernière visite à Colmar, le
19 septembre 1918.
11 novembre 1918 : à Colmar est constitué le conseil ouvrier présidé par le typographe Edouard Richard allié aussitôt au conseil de soldats, crée la veille, qui prend le contrôle de l’administration de la ville et désigne comme maire l’avoué Max Lehmann.
Après le départ des troupes allemandes le
13 novembre, de nombreuses séries de pillage se produisent.
Le
18, la 162
ème division d'infanterie de général
Adolphe Messimy pénètre à Colmar en avant garde. Le
22 c'est l’entrée officielle du général
Curières de Castelnau, commandant le groupe des armées de l’Est.
De nombreuses festivités marquent l’événement que salue une indescriptible liesse populaire. Succédant au conseil ouvrier, une commission municipale est chargée par le commissaire de la République Henry Poulet de gérer les affaires de la ville en attendant les élections fixées au
30 novembre 1919.
La commission, d'abord conduite par le magistrat Antoine François Conrad, prend le titre de maire après les élections de
1919.
Colmar conserve son rang de chef-lieu dès avant le
traité de Versailles signé le
28 juin 1919 mettant fin au régime d'occupation militaire et consacrant officiellement le rattachement à la France du Reichsland d'Alsace-Lorraine. Après le rétablissement des départements dans les territoires de l’est, Colmar accueille à nouveau un préfet Charles Valette installé en
avril 1920. La ville redevient une place militaire française avec une garnison comprenant le 152
ème RI (casernes Rapp et Macker), la 5
ème RCP (quartier Bruat) les 11 et 12
ème Dragons (casernes Lacarre et Walther), une compagnie de gendarmerie, une sous intendance militaire, un bureau de recrutement et un hôpital de garnison.
A l’ouest de la ville, la construction du Centre Hospitalier Louis Pasteur constitue la réalisation architecturale majeure de l’entre guerre.
C'est en
1925 que la décision est adoptée par le Conseil Municipal, assuré d'une participation importante de l’Etat (environ 50 %) ainsi que des hospices civils, du Département, et de la Caisse d'Epargne.
Sous la direction de l’architecte en chef Willie Wetter, les études préliminaires s'étendent de
1929 à 1932. Au terme de 5 ans de travaux, l’inauguration officielle a lieu le
21 novembre 1937 en présence du ministre de la santé publique.
Dans le domaine de redressement de la viticulture régionale, Colmar affirme son rayonnement.
Au lendemain de la guerre, ce secteur souffre d'une grave mévente due à une production pléthorique de qualité médiocre. Une première réaction d'ensemble à cette situation est permise par la création du Syndicat des Négociants en Vins et Viticulteurs du vignoble alsacien, qui coordonne son action avec celle de l'Association des Viticulteurs d'Alsace fondée en
1911. Sous l’impulsion du député Gustave Burger (élu en
1924), qui gère une exploitation modèle, est lancé un programme d'amélioration des cépages et de promotion de la vente des vins d'Alsace. Ces efforts conjugués aboutissent en
1927 à l’ouverture de la première foire aux vins de Colmar, ainsi qu’à l’ouverture de l’école de viticulture d'hiver. Ce redressement soutenu par l’office agricole départemental et la Chambre d' Agriculture, demeure l’une des grandes réussites économiques de l’entre-deux-guerres.
La nécessité d'une réadaptation rapide au régime français constitue un impératif primordial pour l’économie locale, exigeant la remise sur pied immédiate d'un organisme représentatif et consultatif, chargé de la coordination économique au niveau de la Moyenne Alsace. C'est le rôle que reprend dès
1919 la Chambre de Commerce et d'Industrie de Colmar, présidée par l’industriel André Kiener qui devient également conseiller de Commerce extérieur de la France, assisté à partir de
1921 par le dynamique secrétaire général Georges Lasch.
Inquiétant certains aspects de la dégradation du climat politique local.
En
1935 déjà des tracts électoraux de l’UPR. (Union populaire républicaine d'Alsace) mettent en exergue les noms des israélites figurant sur la liste adverse qualifiés de "Stavisky Brüder", tandis que la SFIO (Section Française de l’Internationale Ouvrière) dénonce la collusion de chefs autonomistes, avec les nazis de Fribourg. Après Munich, "l’Elsasser Kurier" de Joseph Rosse (chef de file, leader de l’UPR) se déchaîne contre les juifs et les francs-maçons, rendus responsables de tous les maux.
Des affrontements sérieux sont évités de justesse le
1er mai 1939 lorsque les Croix de feu organisent une contre manifestation à Rouffach où se rendent de nombreux ouvriers colmariens décidés à relever "cette provocation" et où un important quadrillage policier empêche le sang de couler.
Ainsi s'achemine-t-on vers le drame de
septembre 1939, la mobilisation, l’évacuation de Strasbourg et des communes frontalières.
Le
17 juin 1940, Colmar a le triste privilège d'être la première ville d’Alsace à être investie par les troupes allemandes.
Restent à la population les grands défoulements de la vie sportive d'une intensité sans précédent. Fondé en
1881 et profondément marqué par le catholicisme (confession alors partagés par 76,2 % des Colmariens contre 17,5 % de protestants, 2,3 % d'israélites et 4 % de personnes sans religion déclarée), le Cercle Saint-Martin maintient sa grande notoriété, surtout grâce à sa brillante section de gymnastique et par l’organisation de manifestations gigantesques. Deux autres clubs sont également axés sur la gymnastique : la Colmarienne
1863, le plus ancien, et la société "Avenir" fondée en
1926. Cinq associations sportives se regroupent en
1920 dans "les Sports Réunis de Colmar" dont les sections de football, d'escrime, de ski, d'athlétisme et de natation connaissent un grand essor consacré en
1928 par l'inauguration du "stade des francs".
Suscitant une indescriptible animation populaire, les grandes fêtes sportives alternent avec de non moins imposantes manifestations patriotiques. Celles-ci culminent avec les fastueuses cérémonies du tricentenaire de la "réunion de Colmar à la France" en souvenir du traité du Rueil, qui se déroulent le
15 septembre 1935 en présence du président de la République
Albert Lebrun. Il s'agit avant tout d'affirmer son attachement à la France en faisant contre poids à la propagande autonomiste.
Les fastueuses cérémonies du tricentenaire La 2
ème guerre mondiale, déclenchée par la politique de Hitler en
septembre 1939, est marquée pour la France par de tragiques revers.
L'offensive de la Wehrmacht du
10 mai 1940.
Paris, déclarée ville ouverte, est occupée.
A partir du
15 juin, les divisions massées sur la rive droite du Rhin attaquent la ligne Maginot tenue par les troupes de forteresse.
Le
15 juin, des groupes d'Allemands traversent le fleuve.
Le
16 juin 1940, l’offensive se déclenche, violente, entre Marckolsheim et Neuf-Brisach et les allemands progressent sur Colmar.
Le commandement français a d'abord l'intention de défendre la ville, mais les instances des autorités locales, soucieuses de voir épargnée la cité en décident autrement. Les troupes se retirent vers la vallée de Munster. Colmar est déclarée ville ouverte.
Les troupes allemandes progressent rapidement vers les vallées de Munster et de Kaysersberg.
Les autorités nazies s'installent à Colmar, remettent en route les services de la ville devenue Kolmar. (
19 juin 1940). Dès ce jour le gouvernement allemand proclame le traité de Versailles de
1919 nul et annexe de fait l’Alsace au Reich et ceci avant la signature de l’armistice.
Le plus grand désarroi règne à Colmar et en Alsace.
Le gouvernement allemand prend des mesures rapides : l'Alsace n'existe plus, elle est réunie au Pays de Bade sous le nom "Gau Oberrhein".
L'Alsace annexée (et non occupée comme le reste de la France) est intégrée au Reich et soumise à la législation allemande.
Les mesures se succèdent à un rythme rapide ordonné par le Gauleiter : destruction des monuments français, celui du
général Rapp d'abord. La statue est mise en pièces (sauvée cependant et cachée au musée).
Pour le monument de
l’amiral Bruat, les statues de grés des continents sont mises en pièces à deux coups de marteau, mais les têtes sont également sauvées.
Reste entière la statue en bronze de l’amiral qui survit au désastre.
Ces mesures soulevèrent la fureur et la révolte de tous.
L'Amiral BruatStatue du Général RappLes statues de grés détruites...Le
25 août est proclamé pour les jeunes alsaciens le service militaire obligatoire dans la Wehrmacht. C'est le drame des Malgré-Nous qui devait marquer douloureusement la conscience alsacienne.
Avec violence, la police allemande traque ceux qui manifestent des sentiments français notamment ceux qui, bientôt, entrent dans la Résistance, les passeurs en premier lieu. Dès
l’automne 1940, par petits groupes, des colmariens se sont entendus pour faire passer de l’autre côté des Vosges des prisonniers français évadés. Ils transmettent en même temps en France des renseignements d'ordre militaire et économique. Les principaux meneurs dont Joseph Rey, le futur maire de Colmar, fut l’un des meneurs.
Après quelques mois le réseau prend de l’ampleur.
Mais par suite d'imprudences, la police allemande a vent de ces menées.
Le
1er avril 1942, elle arrête et emprisonne les chefs de réseau (26 personnes).
Le
18 février 1943, après 10 mois de détention le "Sondergericht" à la Cour d'Appel de Colmar condamne les uns à la peine de mort, les autres à de longues peines de prison comme Joseph Rey, incarcéré à la prison de Fribourg.
Cependant un autre groupe de résistants s'est formé pendant l’hiver
1941. Il s'affiche au réseau Kléber-Alsace, antenne Uranus, de caractère militaire en liaison avec le 2ème bureau. Il s'agit à Colmar notamment des frères Robert et Edmond Boroco.
Mais bientôt, dans la nuit du
14 au 15 décembre 1942, leur activité est décelée. 16 membres sont arrêtés et transférés dans des prisons allemandes. Ils condamnent les uns à la peine de mort pour espionnage, pour haute trahison, les autres à des peines de mort, dont Edmond Borocco, qui revenu à Colmar, réussit à fuir en Suisse.
Malgré ces échecs, la résistance à Colmar prend une ampleur toujours plus grande.
Au temps des victoires et de l’arrogance ont succédé à partir de
1943, pour l’Allemagne Hitlérienne le temps des revers et en
1944 les grandes défaites, surtout après le débarquement des alliés en juin et la libération progressive de la France en août et en septembre.
Cependant les allemands se ressaisissent et procèdent à de grands travaux de fortification.
A Colmar même, jeunes filles et femmes doivent aider à creuser le fossé antichar qui ceinture la ville. Soudain en novembre, se déclenche l’offensive de la
Première Armée Française commandée par le général
Jean de Lattre de Tassigny Elle rompt le front allemand, conquiert Belfort et pousse jusqu'au Rhin, libérant Mulhouse le
21 novembre. Deux jours après (le
23 novembre), la 2
ème Division Blindée du
général Leclerc, s’empare de Strasbourg dans une chevauchée épique.
Tandis qu'à Colmar, la résistance allemande se rendit.
Le
7 décembre Heinrich Luitpold Himmler vient lui même et proclame la défense à outrance du "Brückenkopf - la Tête de Pont de Colmar" appelé par les français la "poche" de Colmar.
Les troupes françaises sont arrêtées au nord de Mulhouse et au sud de Ribeauvillé et de Riquewihr et libérées au début du mois de décembre.
Le
22 janvier 1945, malgré le froid et la neige, le général de Lattre de Tassigny lance l’offensive en tenaille pour libérer Colmar qui doit rester intact et atteindre le Rhin à Neuf-Brisach. Colmar est contourné par le nord et l’ouest, Andolsheim est atteint le
31 janvier. Dans la nuit du
1er au 2 février, se place la manoeuvre hardie du général Guy Schlesser commandant le CC4 de la 5ème Division Blindée, qui revenant par Bischwihr vers le nord et se rabattant par Houssen, franchit le fossé antichar et bouscule les nids de résistance allemands.
Les chars s'enfoncent dans le centre de la ville, arrivent au Champ de Mars, à la gare, aux quartiers sud et ouest et poursuivent leur avancée vers les villages de Wintzenheim, Wettolsheim et Eguisheim, atteints dans la soirée. Dans la ville libérée, c'est une explosion de joie, le
général Henri de Vernejoul, commandant la 5ème DB, prend la responsabilité de la sécurité. Le 152
ème RI par ordre du
général de Lattre de Tassigny va retrouver sa garnison de
1939.
Ce n'est que le
9 février, après une bataille de 21 jours que la Poche de Colmar est résorbée.
Le
11 février 1945, le général Charles de Gaulle, chef du gouvernement provisoire de la République française assiste, sur la place Rapp, à la prise d'armes franco-américaine.
A voir document INAA voir : le musée de la poche de Colmar à Turckheim A voir : Le Mémorial d’Alsace Moselle à Schirmeck