mardi 25 novembre 2008

L'histoire de Colmar (12) - Joseph Rey

Il fut conseiller général de 1945 à 1982 et maire de Colmar de 1947 à 1977 (mandat de maire le plus long de l’histoire colmarienne) et rarement Colmar a subi de mutation aussi profonde...

Le 12 octobre 1959, le Conseil Municipal opte pour la création d'une zone à urbaniser par priorité (ZUP) qui est approuvé par arrêté interministériel du 6 janvier 1960. La ville fait appel à Charles Gustave Stoskopf, architecte urbaniste, grand prix de Rome, qui en réalise le plan masse. En décembre 1963 le plan de construction et le plan de financement sont approuvés à Paris. En 1964 le 1er immeuble en habitation collective est terminé et occupé.
Le marché de l’emploi se détériore, les colmariens trouvent de l’embauche aux mines de potasse ou dans les industries de la région mulhousienne, rarement dans leur ville. C'est la crise...
Ce qui a amené la municipalité vers 1955-56 à envisager la création d'une zone industrielle, afin de remplacer ce qui disparaissait et d'opérer un changement de L’économie.
1858 : La première tranche de réalisation (89 ha).
Dés 1965 : une deuxième tranche de réalisation (65 ha).
1972: une troisième tranche (49 ha) et une quatrième en 1976 (49 ha)

La venue de Timken France en 1959 constitue le véritable point de départ de la mutation industrielle colmarienne...

La foire aux vins d'Alsace de Colmar occupe chaque année depuis 1948 une place essentielle et originale dans la vie et le rayonnement de la cité, au point qu'il a fallu abandonner le cadre pittoresque de la vieille ville au profit d'installation plus appropriée au nord de celle-ci (1968.

L'histoire de Colmar (11) - Kolmar

L’aboutissement de la guerre est perceptible dès la fin de l’été 1918.
C'est dans un climat glacial que l’Empereur Guillaume II effectue sa dernière visite à Colmar, le 19 septembre 1918.
11 novembre 1918 : à Colmar est constitué le conseil ouvrier présidé par le typographe Edouard Richard allié aussitôt au conseil de soldats, crée la veille, qui prend le contrôle de l’administration de la ville et désigne comme maire l’avoué Max Lehmann.
Après le départ des troupes allemandes le 13 novembre, de nombreuses séries de pillage se produisent.

Le 18, la 162ème division d'infanterie de général Adolphe Messimy pénètre à Colmar en avant garde. Le 22 c'est l’entrée officielle du général Curières de Castelnau, commandant le groupe des armées de l’Est.
De nombreuses festivités marquent l’événement que salue une indescriptible liesse populaire. Succédant au conseil ouvrier, une commission municipale est chargée par le commissaire de la République Henry Poulet de gérer les affaires de la ville en attendant les élections fixées au 30 novembre 1919.
La commission, d'abord conduite par le magistrat Antoine François Conrad, prend le titre de maire après les élections de 1919.
Colmar conserve son rang de chef-lieu dès avant le traité de Versailles signé le 28 juin 1919 mettant fin au régime d'occupation militaire et consacrant officiellement le rattachement à la France du Reichsland d'Alsace-Lorraine. Après le rétablissement des départements dans les territoires de l’est, Colmar accueille à nouveau un préfet Charles Valette installé en avril 1920. La ville redevient une place militaire française avec une garnison comprenant le 152ème RI (casernes Rapp et Macker), la 5ème RCP (quartier Bruat) les 11 et 12ème Dragons (casernes Lacarre et Walther), une compagnie de gendarmerie, une sous intendance militaire, un bureau de recrutement et un hôpital de garnison.

A l’ouest de la ville, la construction du Centre Hospitalier Louis Pasteur constitue la réalisation architecturale majeure de l’entre guerre.
C'est en 1925 que la décision est adoptée par le Conseil Municipal, assuré d'une participation importante de l’Etat (environ 50 %) ainsi que des hospices civils, du Département, et de la Caisse d'Epargne.
Sous la direction de l’architecte en chef Willie Wetter, les études préliminaires s'étendent de 1929 à 1932. Au terme de 5 ans de travaux, l’inauguration officielle a lieu le 21 novembre 1937 en présence du ministre de la santé publique.
Dans le domaine de redressement de la viticulture régionale, Colmar affirme son rayonnement.
Au lendemain de la guerre, ce secteur souffre d'une grave mévente due à une production pléthorique de qualité médiocre. Une première réaction d'ensemble à cette situation est permise par la création du Syndicat des Négociants en Vins et Viticulteurs du vignoble alsacien, qui coordonne son action avec celle de l'Association des Viticulteurs d'Alsace fondée en 1911. Sous l’impulsion du député Gustave Burger (élu en 1924), qui gère une exploitation modèle, est lancé un programme d'amélioration des cépages et de promotion de la vente des vins d'Alsace. Ces efforts conjugués aboutissent en 1927 à l’ouverture de la première foire aux vins de Colmar, ainsi qu’à l’ouverture de l’école de viticulture d'hiver. Ce redressement soutenu par l’office agricole départemental et la Chambre d' Agriculture, demeure l’une des grandes réussites économiques de l’entre-deux-guerres.
La nécessité d'une réadaptation rapide au régime français constitue un impératif primordial pour l’économie locale, exigeant la remise sur pied immédiate d'un organisme représentatif et consultatif, chargé de la coordination économique au niveau de la Moyenne Alsace. C'est le rôle que reprend dès 1919 la Chambre de Commerce et d'Industrie de Colmar, présidée par l’industriel André Kiener qui devient également conseiller de Commerce extérieur de la France, assisté à partir de 1921 par le dynamique secrétaire général Georges Lasch.

Inquiétant certains aspects de la dégradation du climat politique local.

En 1935 déjà des tracts électoraux de l’UPR. (Union populaire républicaine d'Alsace) mettent en exergue les noms des israélites figurant sur la liste adverse qualifiés de "Stavisky Brüder", tandis que la SFIO (Section Française de l’Internationale Ouvrière) dénonce la collusion de chefs autonomistes, avec les nazis de Fribourg. Après Munich, "l’Elsasser Kurier" de Joseph Rosse (chef de file, leader de l’UPR) se déchaîne contre les juifs et les francs-maçons, rendus responsables de tous les maux.
Des affrontements sérieux sont évités de justesse le 1er mai 1939 lorsque les Croix de feu organisent une contre manifestation à Rouffach où se rendent de nombreux ouvriers colmariens décidés à relever "cette provocation" et où un important quadrillage policier empêche le sang de couler.
Ainsi s'achemine-t-on vers le drame de septembre 1939, la mobilisation, l’évacuation de Strasbourg et des communes frontalières.
Le 17 juin 1940, Colmar a le triste privilège d'être la première ville d’Alsace à être investie par les troupes allemandes.

Restent à la population les grands défoulements de la vie sportive d'une intensité sans précédent. Fondé en 1881 et profondément marqué par le catholicisme (confession alors partagés par 76,2 % des Colmariens contre 17,5 % de protestants, 2,3 % d'israélites et 4 % de personnes sans religion déclarée), le Cercle Saint-Martin maintient sa grande notoriété, surtout grâce à sa brillante section de gymnastique et par l’organisation de manifestations gigantesques. Deux autres clubs sont également axés sur la gymnastique : la Colmarienne 1863, le plus ancien, et la société "Avenir" fondée en 1926. Cinq associations sportives se regroupent en 1920 dans "les Sports Réunis de Colmar" dont les sections de football, d'escrime, de ski, d'athlétisme et de natation connaissent un grand essor consacré en 1928 par l'inauguration du "stade des francs".
Suscitant une indescriptible animation populaire, les grandes fêtes sportives alternent avec de non moins imposantes manifestations patriotiques. Celles-ci culminent avec les fastueuses cérémonies du tricentenaire de la "réunion de Colmar à la France" en souvenir du traité du Rueil, qui se déroulent le 15 septembre 1935 en présence du président de la République Albert Lebrun. Il s'agit avant tout d'affirmer son attachement à la France en faisant contre poids à la propagande autonomiste.


Les fastueuses cérémonies du tricentenaire

La 2ème guerre mondiale, déclenchée par la politique de Hitler en septembre 1939, est marquée pour la France par de tragiques revers.
L'offensive de la Wehrmacht du 10 mai 1940.
Paris, déclarée ville ouverte, est occupée.
A partir du 15 juin, les divisions massées sur la rive droite du Rhin attaquent la ligne Maginot tenue par les troupes de forteresse.
Le 15 juin, des groupes d'Allemands traversent le fleuve.
Le 16 juin 1940, l’offensive se déclenche, violente, entre Marckolsheim et Neuf-Brisach et les allemands progressent sur Colmar.
Le commandement français a d'abord l'intention de défendre la ville, mais les instances des autorités locales, soucieuses de voir épargnée la cité en décident autrement. Les troupes se retirent vers la vallée de Munster. Colmar est déclarée ville ouverte.

Les troupes allemandes progressent rapidement vers les vallées de Munster et de Kaysersberg.
Les autorités nazies s'installent à Colmar, remettent en route les services de la ville devenue Kolmar. (19 juin 1940). Dès ce jour le gouvernement allemand proclame le traité de Versailles de 1919 nul et annexe de fait l’Alsace au Reich et ceci avant la signature de l’armistice.
Le plus grand désarroi règne à Colmar et en Alsace.
Le gouvernement allemand prend des mesures rapides : l'Alsace n'existe plus, elle est réunie au Pays de Bade sous le nom "Gau Oberrhein".

L'Alsace annexée (et non occupée comme le reste de la France) est intégrée au Reich et soumise à la législation allemande.
Les mesures se succèdent à un rythme rapide ordonné par le Gauleiter : destruction des monuments français, celui du général Rapp d'abord. La statue est mise en pièces (sauvée cependant et cachée au musée).
Pour le monument de l’amiral Bruat, les statues de grés des continents sont mises en pièces à deux coups de marteau, mais les têtes sont également sauvées.
Reste entière la statue en bronze de l’amiral qui survit au désastre.
Ces mesures soulevèrent la fureur et la révolte de tous.


L'Amiral Bruat


Statue du Général Rapp


Les statues de grés détruites...

Le 25 août est proclamé pour les jeunes alsaciens le service militaire obligatoire dans la Wehrmacht. C'est le drame des Malgré-Nous qui devait marquer douloureusement la conscience alsacienne.
Avec violence, la police allemande traque ceux qui manifestent des sentiments français notamment ceux qui, bientôt, entrent dans la Résistance, les passeurs en premier lieu. Dès l’automne 1940, par petits groupes, des colmariens se sont entendus pour faire passer de l’autre côté des Vosges des prisonniers français évadés. Ils transmettent en même temps en France des renseignements d'ordre militaire et économique. Les principaux meneurs dont Joseph Rey, le futur maire de Colmar, fut l’un des meneurs.
Après quelques mois le réseau prend de l’ampleur.
Mais par suite d'imprudences, la police allemande a vent de ces menées.
Le 1er avril 1942, elle arrête et emprisonne les chefs de réseau (26 personnes).
Le 18 février 1943, après 10 mois de détention le "Sondergericht" à la Cour d'Appel de Colmar condamne les uns à la peine de mort, les autres à de longues peines de prison comme Joseph Rey, incarcéré à la prison de Fribourg.

Cependant un autre groupe de résistants s'est formé pendant l’hiver 1941. Il s'affiche au réseau Kléber-Alsace, antenne Uranus, de caractère militaire en liaison avec le 2ème bureau. Il s'agit à Colmar notamment des frères Robert et Edmond Boroco.
Mais bientôt, dans la nuit du 14 au 15 décembre 1942, leur activité est décelée. 16 membres sont arrêtés et transférés dans des prisons allemandes. Ils condamnent les uns à la peine de mort pour espionnage, pour haute trahison, les autres à des peines de mort, dont Edmond Borocco, qui revenu à Colmar, réussit à fuir en Suisse.
Malgré ces échecs, la résistance à Colmar prend une ampleur toujours plus grande.
Au temps des victoires et de l’arrogance ont succédé à partir de 1943, pour l’Allemagne Hitlérienne le temps des revers et en 1944 les grandes défaites, surtout après le débarquement des alliés en juin et la libération progressive de la France en août et en septembre.
Cependant les allemands se ressaisissent et procèdent à de grands travaux de fortification.
A Colmar même, jeunes filles et femmes doivent aider à creuser le fossé antichar qui ceinture la ville. Soudain en novembre, se déclenche l’offensive de la Première Armée Française commandée par le général Jean de Lattre de Tassigny Elle rompt le front allemand, conquiert Belfort et pousse jusqu'au Rhin, libérant Mulhouse le 21 novembre. Deux jours après (le 23 novembre), la 2ème Division Blindée du général Leclerc, s’empare de Strasbourg dans une chevauchée épique.
Tandis qu'à Colmar, la résistance allemande se rendit.

Le 7 décembre Heinrich Luitpold Himmler vient lui même et proclame la défense à outrance du "Brückenkopf - la Tête de Pont de Colmar" appelé par les français la "poche" de Colmar.
Les troupes françaises sont arrêtées au nord de Mulhouse et au sud de Ribeauvillé et de Riquewihr et libérées au début du mois de décembre.
Le 22 janvier 1945, malgré le froid et la neige, le général de Lattre de Tassigny lance l’offensive en tenaille pour libérer Colmar qui doit rester intact et atteindre le Rhin à Neuf-Brisach. Colmar est contourné par le nord et l’ouest, Andolsheim est atteint le 31 janvier. Dans la nuit du 1er au 2 février, se place la manoeuvre hardie du général Guy Schlesser commandant le CC4 de la 5ème Division Blindée, qui revenant par Bischwihr vers le nord et se rabattant par Houssen, franchit le fossé antichar et bouscule les nids de résistance allemands.

Les chars s'enfoncent dans le centre de la ville, arrivent au Champ de Mars, à la gare, aux quartiers sud et ouest et poursuivent leur avancée vers les villages de Wintzenheim, Wettolsheim et Eguisheim, atteints dans la soirée. Dans la ville libérée, c'est une explosion de joie, le général Henri de Vernejoul, commandant la 5ème DB, prend la responsabilité de la sécurité. Le 152ème RI par ordre du général de Lattre de Tassigny va retrouver sa garnison de 1939.
Ce n'est que le 9 février, après une bataille de 21 jours que la Poche de Colmar est résorbée.
Le 11 février 1945, le général Charles de Gaulle, chef du gouvernement provisoire de la République française assiste, sur la place Rapp, à la prise d'armes franco-américaine.

A voir document INA






A voir : le musée de la poche de Colmar à Turckheim


A voir : Le Mémorial d’Alsace Moselle à Schirmeck

L'histoire de Colmar (10) - L'infrastructure interne se développe...

Le réseau de distribution d'eau est totalement rééquipé dans les années qui suivent la construction du château d'eau par l’ingénieur bâlois Grüner (1884 -1886.
Pour l’installation du gaz, l’usine municipale construite sous le Second Empire fait place à des équipements plus modernes (1878 et 1890).
L'éclairage électrique se met en place à l’extrême fin du siècle (1899) sous la forme de lignes aériennes qui transmettent le courant produit dans une centrale thermique (agrandie en 1906).

Les transports en commun apparaissent en 1881.
Une ligne hippomobile relie la gare au canal jusqu'à son remplacement par le tramway à partir de 1902.
En 1914, la deuxième ligne joint la route de Bâle à la route de Strasbourg.
La gare de Colmar de 1841 est remplacée par celle que nous connaissons actuellement qui est mise en service le 1er mai 1907. En 1878 l’annexion permet d'ouvrir la ligne de Neuf-Brisach et par conséquent de rallier Fribourg en Brisgau.
Le 3 septembre 1882, le déraillement d'un train de plaisir fait près d'une centaine de victimes et quelques centaines de blessés.
Le réseau ferroviaire s'étend aussi bien dans la plaine, avec la liaison Colmar-Horbourg - Marckolsheim (1890) qui dessert le port du canal lui même agrandi en 1886 et la ligne Ensisheim-Bollwiller (1898) que dans la vallée vosgiennes avec la construction du tronçon Munster-Metzeral (1893) et de la voie métrique de Kaysersberg (1885).
L'ouverture de la ville bénéficie au même moment d'une bonne infrastructure postale avec l’inauguration de la nouvelle poste (1893) et l’ouverture de deux bureaux, l’un à la gare (1880 transféré en 1907) et l’autre rue du Nord (1893). Un central téléphonique construit en 1891 est raccordé sur les lignes des vallées (1892-1893.
L'évolution économique de Colmar s'explique par un certain nombre de moteurs.
La Chambre de Commerce fondée le 18 juin 1870 et rétablie un an plus tard sous l’impulsion de ses présidents, le premier Edmond Fleischhauer (1870-1896),A. Scheurer (1896-1905) puis André Kiener (1905-1928.

Les banques à Colmar.

2ème volet de cette modernisation.

En 1914, cinq banques ont des agences en ville, notamment la Société Générale. L'essor du crédit reflète les mouvements de la conjoncture. Ainsi la Caisse d' Epargne rouverte en 1872 connaît une expansion très rapide qui l’oblige à essaimer à Munster.
La ville accueille plusieurs congrès oenologiques ou des expositions (1875-1877-1885 -1895). La reprise se confirme dans les dernières années du siècle sous l'impulsion de Christian Oberlin dont l'institut viticole est crée en 1898 avec l’appui de la municipalité, de la Chambre d' Agriculture et de la Société d'Horticulture fondée par Charles Koenig en 1869. La formation professionnelle est encouragée par la création de cours d'hiver (1898) au moment où le marché est réorganisé (bourse aux vins 1897). La profession s'organise (Association des Viticulteurs d’Alsace - 1911).
Capital haut-rhinoise de l’agriculture, la ville est dotée d'une station agronomique dans l’ancien couvent des Catherinettes en 1896.

3ème élément de la prospérité.

L'essor de l’activité commerciale. Le nombre de magasins augmentent (+ 160 %), boulangers (49 en 1880, 74 en 1910), les médecins (16 en 1880, 25 en 1901)...

L'esprit frondeur de Hansi (Jean-Jacques Waltz) s'affirme dans les années 1906 -1908 lors de l’inauguration du Haut-Koenigsbourg restauré par l’Empereur Guillaume II



En 1909 lorsque le proviseur Gneisse publie un article sur la nécessité de germaniser une province dont les habitants sont peu sûrs et peuvent servir d'indicateurs pour l’ennemi, le caricaturiste réplique par une série de dessins qui lui valent un procès. Accusé d'avoir fait circuler ces dessins insultants, Emile Wetterlé est condamné à 2 mois de prison, et salué comme un héros au terme de cette villégiature forcée dont il donne un récit plein d'humour. La parution de "l’histoire d'Alsace racontée aux petits enfants par l’oncle HANSI" (1912) et de "Mon village" vaut à leur auteur quelques nouveaux procès et une très grande célébrité.





L'année s'ouvre sous un ciel sombre écrit Mgr Frey dans son journal le 1er janvier 1914. Deux mois après l’attentat de Sarajevo, le 28 juin 1914, Colmar est devenue une ville de front. Début août les francophiles sont proscrits, arrêtés comme Jacques Preiss, qui moura en déportation, ou exilés comme Emile Wetterlé ou Daniel Blumenthal.
Pendant 4 ans Colmar va vivre sous le régime du gouvernement militaire. La germanisation atteint un degré jamais vu : prescription des inscriptions françaises (verdeutchung) ou des journaux comme le nouvelliste, changement des noms de rues comme la route de Rouffach qui devient la "Kayserallée". Pour la population civile, les privations se font de plus en plus sentir. "La monnaie de nécessité" est introduite dès 1914 avec les cartes de ravitaillement...

L'histoire de Colmar (9) - Soins et santé

Installé dans l’ancien couvent des Franciscains depuis le milieu du 16ème siècle, l’hôpital accueille après le rattachement de Colmar à la France le "Welsche Spital", hôpital militaire pour les soldats de la garnison. En 1735, un incendie détruit la plus grande partie de l’ancien couvent. Sur son emplacement est construit entre 1735 et 1744 un nouvel hôpital. La qualité des soins à l’hôpital laisse à désirer.


L'ancien hôpital

Le service médical est organisé par Louis Gabriel Morel (1769 -1842) qui y exercera 40 ans et sera remplacé en 1840.
Abandonnée par les médecins depuis le Moyen-âge, la chirurgie est exercée par des artisans jusqu' à la révolution. Les barbiers se chargent d'opérer les malades, font des saignées, pansent les plaies, ouvrent les abcès et réduisent les fractures et les luxations. A Colmar la corporation des chirurgiens barbiers, trop peu nombreuse pour former une tribu, est d'abord inscrite au sein de la tribu des bouchers avant de se retrouver à la tribu du Géant en compagnie des tonneliers, des cuvetiers, cabaretiers et ailleurs. La corporation des chirurgiens disparaît avec le Révolution et la chirurgie s'intègre progressivement à la médecine.
En 1803, l’ouverture de l’école des sages-femmes du Haut-Rhin améliore leur situation. Gabriel-Louis Morel y enseigne. Les dépenses de fonctionnement sont à la charge du département, l’enseignement est gratuit.
Fils de Gabriel Morel "médecin physicien de la ville, démonstrateur d'anatomie, de chirurgie et en l’art des accouchements" Louis Gabriel Anaclet Morel symbolise les progrès de la médecine à Colmar. Chirurgien militaire participant au siège de Mayence, il est chargé en 1793 d'organiser l’hôpital militaire et il sera nommé en même temps médecin en second de l’hôpital civil. Morel a été également maire de Colmar de 1813 à 1815 et de 1832 à 1841. Son rôle est déterminant dans la création de l’école d’accouchement en 1803 et dans l’introduction de la vaccine(1er vaccin mettant fin aux épidémies de varioles) dans le département.
Le nouveau théâtre est inauguré en 1849. Erigé par l’architecte parisien Louis-Michel Boltz et décoré par Louis Boulange, il succède au théâtre de la rue des Augustins, détruit par un incendie en 1841.
L'ancien couvent des Unterlinden, après un demi siècle d'affectation militaire, devient musée grâce à l’action de Louis Hugot, archiviste et bibliothécaire de la ville et de la société Schongauer dont il est le fondateur (1849).

La guerre éclate en plein été, le 19 juillet 1870. Contrairement à la Basse Alsace, le Haut-Rhin reste en deçà du front jusqu'au mois de septembre et peut par conséquent s'organiser. Colmar conserve son administration confiée d'abord au préfet Salles puis après le 4 septembre à l'industriel libéral Jules Grosjean. La défense de la ville est assurée par des francs-tireurs de la région parisienne et par des volontaires comme Frédéric-Auguste Bartholdi.


La maison natale d'Auguste Bartholdi





Détail de la maison du créateur de la statue de la Liberté




L'occupation prussienne entre dans les faits au courant de l’automne, avec l’arrivée de fonctionnaires civils comme le baron Von der Heydt qui remplace le préfet.
Jusqu'au 10 mai 1871, la ville demeure dans une situation très ambiguë, le conseil municipal reste en place, mais les institutions françaises sont totalement démantelées, car beaucoup de membres refusent de servir, faisant suite aux ordres de Léon Gambetta.
A cette date, la population colmarienne ne se fait pas d'illusions. Le traité de Francfort apparaît comme une fatalité qu'il s'agit d'accepter pour ne pas le subir.
Prévue par le traité de Francfort (10 mai 1871), la faculté d'opter pour la nationalité française est largement sollicitée par la population. Au total Colmar perd 3587 personnes (15 %) bien plus que l’ensemble du Haut-Rhin (5,2 %). Bartholdi fait lui même le serment de ne plus jamais revoir sa ville natale et s'embarque pour les Etats-Unis. Camille Sée et Jean Macé vont devenir les patriarches de l’instruction publique française, l’un en ouvrant aux filles l’enseignement secondaire, l’autre en fondant la ligue de l’enseignement.
Pourtant à la fin du 19ème siècle, les mémoires s'assoupissent et reniant sa promesse, Bartholdi vient visiter Colmar.
La question de paupérisme est attisée par la croissance démographique. En 1880, la ville est divisée en 40 îlots, confiés à des inspecteurs des pauvres. Les distributions de repas sont très impressionnantes puisqu'elles atteignent 10 hl de soupe par jour et justifient la construction d'un bâtiment spécial (actuelles archives municipales) en 1903.

Colmar a conservé son allure de chef lieu. L'administration allemande conserve pratiquement toutes les fermes de l’ancien département. La germanisation est très marquée dans le domaine de l’enseignement.
En 1871, la réouverture du lycée impérial est assurée par une douzaine de professeurs allemands et par trois autochtones. Dès 1873, l’allemand devient langue officielle.
Deuxième agent de germanisation : Colmar devient une place de guerre avec la construction des casernes de la route de Strasbourg (1888 -1890) et de l’hôpital militaire (1893 - 1895).
Les unités stationnées à Colmar sont toutes originaires d'Outre-Rhin et plus particulièrement de Prusse.
En 1883, le français est proscrit des textes officiels.
Le point sur les élections législatives au Reichtag de 1874 -1912 : Les catholiques avec comme chef le curé de la ville Mgr Etienne Frey. Les candidats du parti catholique à la députation étaient attachés aux traditions locales et décidés à ne pas capituler devant la Prusse. Charles Grad est le fer de lance de ces notables autonomistes (1842-1890). Disparu prématurément, il est remplacé par l’avocat protestant Jacques Preiss (1859-1916), député de 1893 à 1912 qui bénéficie d'un soutien de la presse catholique et de son bouillant dirigeant l’abbé Emile Wetterlé (1861-1932). Maître du journal de Colmar en 1893, il se révèle comme un polémiste cinglant. Emile Wetterlé est élu dans la circonscription de Ribeauvillé en 1898 et le reste jusqu'à la guerre.
L'adversaire principal est l’avocat Heinrich Ruland. A défaut de pouvoir rassembler une majorité véritable, ces gouvernementaux s'emploient à détourner les notables libéraux d'origine alsacienne comme Daniel Blumenthal (1860 -1930) chef de la Volkspartei qu'il a fondé en 1890. Cet avocat opportuniste finit par rechercher l’alliance des catholiques et se rapprocher de Wetterlé ce qui lui permit de rester maire (1908).
En 1871, le passage de Colmar sous la tutelle du Reich laisse le conseil municipal intact. Ce n'est qu' en 1877 et pour 3 ans seulement que le poste du maire Hercule de Peyerimhoff est confié à un commissaire allemand.
La manoeuvre est très mal accueillie.

De 1880 à 1896, la ville est dirigée par un excellent gestionnaire, Camille Schlumberger, qui a l’appui des catholiques sans indisposer l’occupant. Sa politique de modernisation se double d'un souci moraliste.
C'est lui qui le premier engage la lutte contre la prostitution et met un terme aux maisons closes (1881).

L'histoire de Colmar (8) - Rail

Mise en service de la ligne Strasbourg - Bâle (1841), une halte ferroviaire provisoire est aménagée à Colmar. Achevée en avril 1842 (inaugurée le 15 avril), la première gare locale s'érige au débouché de la rue Bruat sur la rue de la gare. L’édifice actuel a été achevé en 1906 et ouverte au trafic le 1er mai 1907. Il faut attendre également la fin du Second Empire pour la réalisation de la ligne Colmar-Munster (inaugurée en 1869) et le démarrage des études de la ligne Colmar-Neuf-Brisach (qui ne sera ouverte qu'en 1877.
Reflétant le dynamisme de la nouvelle fonction économique de Colmar, de nombreux hommes d'affaires ou homme de science se distinguent hors de leur ville natale : le chimiste Charles-Frédéric Kuhlmann (1803 - 1881), créateur d'une puissante entreprise à Lille, ancêtre du groupe Péchiney-Ugine Kuhlmann, Charles-Xavier Thomas (1785-1870), promoteur des grandes compagnies d'assurance de France, inventeur de la première machine à calculer industrielle (l’arithmomètre), ancêtre de l’ordinateur.

L'histoire de Colmar (7) - Les tribus

Quant à l'artisanat local, il est régi jusqu'à la Révolution par le système corporatif représenté par dix tribus portant les noms de leurs poêles respectifs et regroupant plusieurs professions ou corps de métiers :
1- "A la Fidélité" (Zur Treue) : marchands, merciers, tailleurs, tondeurs de
draps, passementiers, boursiers, gantiers, cordiers, vitriers, peintres, scribes,
rentiers ;
2- "Au Géant" (Zum Riesen) : tonneliers, cuvetiers, tourneurs, gourmets,
aubergistes, apothicaires, chirurgiens, barbiers, perruquiers, baigneurs ;
3- "Aux Agriculteurs" (Zu den Ackerleuten) ;
4- "Au Dévidoir" (Zum Haspel) : jardiniers, maraîchers;
5- "Aux Vignerons" (Zu den Rebleuten) ;
6- "A la Couronne" (Zum Kränzchen) : boulangers, meuniers, fariniers ;
7- "Au Lion" (Zum Lôwen) : bouchers, tripiers, pêcheurs, bateliers;
8- "A la bonne vie" (Zum Wohlleben) : cordonniers, selliers, tanneurs,
chamoisseurs ;
9- "A l'Aigle" Zum Adler) : tisserands, pelletiers, bonnetiers, chapeliers,
teinturiers, blanchisseurs;
10- "Au Sureau" (Zum Holderbaum) : forgerons, charrons, serruriers, armuriers,
chaudronniers, couteliers, cloutiers, orfèvres, horlogers, poêliers, potiers, tuiliers,
tailleurs de pierre, maçons, menuisiers, charpentiers.

Le 10 août 1793, les emblèmes des corporations locales, dissoutes 3 ans plus tôt, sont livrés aux flammes en cours de réjouissance publiques.

Le canal d'embranchement ainsi que l’ouverture du port ont été inauguré par le maire Peyerimhoff le 13 novembre 1864.

L'histoire de Colmar (6) - L'ère Napoléonienne

Le 2 mars 1800, Colmar accueille le premier préfet du Haut-Rhin Jean-Baptiste Harmand, tandis que le poste de maire est confié au notaire Max Anton Richert. La ville retrouve sa fonction de capitale judiciaire régionale avec la création du tribunal d'Appel qui devient la Cour d'Appel en 1804 puis la Cour Impériale en 1811. Sa présidence échoit à un ancien avocat au Conseil Souverain d'Alsace, Schrirmer qui obtient le titre de baron d'Empire.
La ville commence à changer de physionomie et déborde de son enceinte. Au nord de la cité sont aménagées la place et la promenade du Champ de Mars, théâtre de toutes les grandes manifestations publiques.
L'intervention des autorités dans le domaine sanitaire se traduit également par la création d'une école de sages-femmes placée sous la direction du médecin chirurgien Anaclet Morel
En mai 1813, ce dernier est nommé par décret impérial maire de Colmar (Mandat de courte durée.

Un colmarien célèbre traverse sans dommage le changement de régime. Il s'agit du général Jean Rapp.


La statue du Général Rapp d'Auguste Bartholdi


Le général Jean Rapp


Le 29 juillet 1830, les opposants locaux aux ultras, groupés autour des anciens maires Anaclet Morel et Jean-Philibert Minangoy, se constituent en comité exécutif provisoire et s'emparent de la direction des affaires publiques, soutenus dans leur action par un groupe armé d'une cinquantaine de jeunes gens.
Une milice d'environ 3 000 citadins en armes est constituée, afin de faire face à un éventuel retour en force de la garnison loyaliste.
Le 31 juillet 1830, le drapeau tricolore fait son apparition tandis que le maire Baron Jean Chrysostome Louis de Muller est contraint d'arborer la cocarde. Il est peu après démis de ses fonctions au profit de Anaclet Morel qui retrouve son poste à l’hôtel de Ville le 1er septembre.
La ville devient le siège du comité central de la nouvelle garde nationale du Haut-Rhin.
Accompagné par ses fils les ducs d'Orléans (Ferdinand Philippe) et de Nemours (Louis 1er), Louis Philippe séjourne les 21 et 22 juin 1831 à Colmar.
En 1833, une taxe sur les produits de vendange est étendue au vin de consommation courante. Les 26 et 27 octobre 1683, l’émeute de la piquette oppose les vignerons colmariens aux détachements de troupes envoyés pour maintenir l’ordre. Mobilisée par ordre du préfet, la garde nationale refuse d'intervenir. Elle sera dissoute le 3 novembre.
Le docteur Gabriel Louis François Anaclet Morel envoyé au Conseil Général par les électeurs colmariens quitte ses fonctions municipales en 1841, remplacé par le négociant Charles Joseph Chappuis.
Il s'attelle d'abord au projet de construction d'une caserne de cavalerie, nécessitant une mobilisation des ressources communales. La municipalité décide ainsi de procéder à l’adjudication de toutes les coupes effectuées dans les forêts communales, en supprimant le droit d'affouage des habitants de Colmar. Cette mesure débouche sur l’émeute du bois déclenchée en juin 1842 et qui rentrera rapidement dans l’ordre. Mais la vieille coutume de la distribution gratuite de bois restera oubliée.

A noter aussi sous l’ère Chappuis, la construction de la caserne de cavalerie (1844), la création de l’usine à gaz et de l’éclairage public (1845), l’ouverture de l’école primaire Saint-Nicolas (1846), la fondation de la société Schongauer (1847) qui donna naissance au musée d'Unterlinden, la création de la régie municipale (1848) et enfin la construction du nouveau théâtre municipal (1849).



Charles Joseph Chappuis jugé trop mou dans les circonstances difficiles de l’épidémie du choléra qui atteint Colmar, dans l’émeute des maraîchers dite "guerre des Concombres" et face aux troubles populaires, le nouveau préfet Cambacéres démet Chappuis de ses fonctions, en mai 1855 et le remplace par Marie Hercule Jean-Baptiste de Peyerimhoff.
La même année, un enfant de Colmar, Armand Joseph Bruat est promu amiral de France.
Le conflit franco-allemand qui se déclenche en 1870 marque pour Colmar et pour l’Alsace la fin d'une époque.


L'Amiral Bruat



Dès le 14 septembre 1870, des avants postes badois lancent une attaque en ville, où le sculpteur Frédéric Auguste Bartholdi alors adjudant major de la garde nationale de Paris constitue en hâte une petite troupe armée.
Mais la ville est investie et occupée par les troupes ennemies. Les premières instances administratives "prussiennes" font leur apparition à Colmar plusieurs mois avant que l’annexion ne soit prononcée. Dès le 1er novembre 1870, un président du district de Haute-Alsace, le baron Von Der Heydt, prend possession de la préfecture.
Le 10 mai 1871 le traité de Francfort ratifie officiellement la cession de l’Alsace - Lorraine à l’Empire Allemand.
Colmar conserve au 18 et 19ème siècle un secteur agricole important, la zone rurale dépendant de la ville est vaste (6659 ha) et diversifiée. A l’ouest les cultures céréalières voisinent avec le vignoble de plaine que l’on retrouve aussi au nord et sur les sols caillouteux de la hardt.
S'étirant vers le nord, les prairies humides du Ried permettent l’élevage des vaches laitières, du gros bétail de boucherie et des chevaux. Mais les bêtes sont également dispersées sur les jachères.
Au sud-est, les terrains alluviaux très fertiles, sont le domaine des cultures maraîchères. A noter aussi un domaine forestier étendu et une pèche importante pratiquée dans les rivières.

En 1842 est fondée à Colmar, à l'initiative du préfet, la Société Départementale d'Agriculture.
En 1843 est crée la Société des Viticulteurs du Haut-Rhin. Siégeant à Colmar, la société essaie en vain de faire connaître les nouvelles méthodes de traitement de la vigne et du vin.
En 1869 apparaît la Société d'Horticulture et de Viticulture de Colmar. C'est également sous le Second Empire qu'est lancée puis reprise l'idée d'une bourse aux vins visant à faire de Colmar le marché principal du vignoble alsacien.
L'essor du négoce local est désormais indissociable de l’industrialisation et culmine en 1870 avec la fondation de la Chambre de Commerce.