lundi 17 novembre 2008

En 51 avant JC, Jules César bat Arioviste quelque part entre Mulhouse et Cernay et fait du Rhin la frontière de l’Empire Romain.
En 378, l’empereur Gratien bat les Alamans sous les murs de Argentovaria "Horbourg".
Pour les incursions germaniques, l’empereur Valentinien 1er fit édifier un camp fortifié "un castrum carré". En terre d'Alsace, la plus belle mosaïque qui date du 3ème siècle, à été retrouvée à Bergheim (aujourd’hui au musée de Colmar).

Les rives de l’Ill étaient soumises à de fréquentes et amples inondations, les marques sont visibles, le camp fortifié élevé au 4ème siècle, dans le bourg devint pour les barbares Horburg "la forteresse de la boue" d'où le nom Horbourg.

Le nom de Colmar est romain -Columbarium en latin, Colombier ou Pigeonnier.

Colmar logea en juillet 883, le pape Grégoire IV qui accompagna le jeune empereur Lothaire 1er révolté contre son père Louis le Pieux. Ces lieux accueillirent également entre janvier 883 et février 884 l’Empereur Charles III dit le gros (mari de Sainte Richarde).
Après 884, les derniers carolingiens perdirent ce bien royal. Deux domaines : Oberhof "le domaine d'en haut" qui passa vers 965 dans le patrimoine du monastère de Payerne. Et le Niederhof "le domaine d'en bas" propriété de Saint Conrad évêque de Constance (de 934 à 975) qui le donna au chapitre cathédral de sa ville épiscopale.

A partir de la seconde moitié du 12ème siècle.

Les domaines sont chacun dirigé par un maire, un intendant "Meyer" en Allemand. Les ministériaux veillaient à la gestion et la sécurité des domaines.
Au dessus d'eux les avoués (en latin "Advocati", en allemand "Vögte"). Pour éviter aux évêques et aux abbés de se mêler aux affaires séculières, chaque établissement avait au moins un avoué qui le représentait en justice, fonction confiée à des laïcs souvent puissants et devenue héréditaire.
A Colmar, l’avoué de l’Oberhof, c'est le Comte de Dabo possesseur des trois châteaux de Haut-Eguisheim. L'avoué de l’abbaye de Munster n'est autre que l’empereur Frédéric Barberousse.

A cette époque, au delà de l’église Saint-Martin, Colmar possédait une seconde église paroissiale dédiée à Saint-Pierre et affectée aux besoins spirituels de l’Oberhof.

L'église Saint Antoine



L'église Saint-Pierre

Après la mort de l'empereur Henri VI dit le sévère, le cruel fils aîné de Frédéric Barberousse en 1197, l’aristocratie se soulève contre les Hohenstaufen. Colmar tomba dans les mains des rebelles emmenés par Albert Dabo l’avoué de l’Oberhof. Le roi Philippe de Souabe, frère de l’empereur défunt, maîtrisa la révolte. En 1205 on le voit séjourner à Colmar. Son neveu ceignit en 1212 la couronne royale et en 1220, la couronne impériale sous le nom de Frédéric II de Hohenstaufen. Il entreprit de fortifier les principaux points d'appui du pouvoir royale. La disparition de Albert de Dabo en 1212, sans laisser d'héritier mâle, supprima le seul obstacle éventuel à la transformation de Colmar en forteresse et en ville.

Etait considéré comme bourgeois les laïcs habitant en ville, possédant une maison et exerçant une activité indépendante. Les bourgeois formaient un corps. Dès 1214 les bourgeois ont un sceau, symbole de leur capacité juridique. Ils ont ainsi une représentation (qu'on appellera bientôt le Conseil –Consilium en latin- Rat en allemand). Choisi pour un an, ils sont d'un grand poids auprès du seigneur territorial, le souverain.
En 1214 le Conseil était constitué à Colmar de 10 chevaliers et 8 bourgeois ordinaires. Les chevaliers servaient le souverain.
Un fonctionnaire était désigné par le souverain pour gouverner en son nom la ville, rendre la justice et présider le Conseil.
C'est le Schultheiss (en allemand - "heissen" - celui qui ordonne, commande, – "Schuld" – obligation - ce qui est dû en français "Prévôt"). La construction des murailles fut l’oeuvre de Albin Woelfelin, Schultheiss de Haguenau de 1215 à 1237.
3 fois en 1212, 1219 et 1236, Colmar reçut la visite du souverain qui résidait généralement en Italie. Il était harcelé à tout instant par des chevaliers du parti pontifical dont l’ennemi le plus proche était l’évêque de Strasbourg.
Vers 1250, l’église Saint-Pierre fut incendiée. Après la mort de Frédéric II la même année, dernier empereur de la dynastie des Hohenstaufen, Conrad IV le fils poursuivit la lutte mais dès 1251, il abandonna son royaume allemand et mourut en Italie en 1254.
Colmar a la chance d'avoir à sa tête un Schultheiss d'expérience, fils d'un cordonnier de Turckheim, Jean Roesselmann.

En 1260 mourut le vieil évêque de Strasbourg Henri de Stahleck qui sera remplacé par Walther de Geroldseck qui deviendra vite une menace pour Colmar. Aucune résistance n'était possible.
En mai 1261, Walther de Geroldseck rentra en guerre contre la ville de Strasbourg. Parmi ses alliés figurait Rodolphe de Habsbourg qui changea très vite de camp.
Jean Roesselmann, chassé de Colmar, trouva audience auprès de lui à Ensisheim et échafauda un plan pour s'emparer de Colmar.
Il entra dans la ville dans un tonneau, déposé chez le doyen du chapitre Saint-Martin, membre du complot. La nuit venue, il ouvrit une des portes et alluma une botte de foin. Une forte troupe de chevaliers commandée par Godefroy de Habsbourg, un cousin de Rodolphe, entra dans la ville et délivra les bourgeois qui le reconnurent pour seigneur.
Peu après en 1261, les colmariens conclurent une alliance avec la ville de Strasbourg. Un complot ordonné par l’évêque fut monté, mais enrayé par Jean Roesselmann qui donna l’alerte mais qui fut tué par ses assaillants près de la porte du Pont de Pierre (entre la place des 6 Montagnes Noires et la Krutenau).
L'évêque vaincu renonça à ses prétentions sur Colmar, une paix fut conclue le 9 juillet 1262.
Au début d'août 1273, les colmariens apprirent que Rodolphe de Habsbourg venait d'être choisi comme roi par les princes électeurs. Ils lui envoyèrent 12 tonneaux du meilleur vin.
Rodolphe de Habsbourg renonça au protectorat qu'il exerçait depuis 1261 sur les villes crées par les Hohenstaufen en Haute Alsace. Ces villes dont Colmar redevinrent royales.
Il délégua ses pouvoirs administratifs à des baillis provinciaux d'Empire. Jusqu' alors on parlait de "Villes royales". Désormais, il est question de "Villes d'Empire". Autre changement, le souverain consulte les seigneurs. Avant il disposait de la ville à son gré. Le roi tirait de ces villes d'Empire l’essentiel de ces ressources. Il y avait le droit de gîte (10 séjours à Colmar, 39 jours au frais des colmariens). Il usa et abusa de la capacité financière de ces villes. A la fin de l’année 1284 les bourgeois Colmariens apprirent de leur bailli provincial qu'ils auraient à payer une taxe exceptionnelle se montant au 30ème de la valeur de leurs biens immobiliers. Ils entrèrent en effervescence. Et au printemps 1285 la coupe déborda. Le Schultheiss Walther Roesselmann (le fils de Jean) prit fait et cause pour les bourgeois soulevés et contre le bailli et le roi. Avec l’appui d'autres villes, ils brûlèrent le village de Deinheim qui appartenait aux Habsbourg, véritable déclaration de guerre. A l’aide d'une armée, le roi reprit rapidement la cité, avec à la clef l'impôt à l’origine du soulèvement et une amende.

Walther Roesselmann fut destitué et remplacé par un noble dévoué au roi, le Sire de Stammheim.
A la mort de Rodolphe de Habsbourg le 15 juillet 1291, Colmar connût de nouveaux troubles.
Le Sire de Stammheim fut chassé par les partisans de Walther Roesselmann qui reprit de sa propre autorité les fonctions de Schultheiss.
Walther Roesselmann s'entendit avec l’évêque de Strasbourg Conrad de Lichtenberg.
Le 1er janvier 1292 les colmariens jurèrent fidélité à son frère prévôt du chapitre cathédral de Strasbourg.
Cette situation provisoire prit fin lors de l’élection d'un nouveau souverain. Le prince Adolphe de Nassau fut élu le 3 mai 1292. Le nouveau souverain confirma Otton d'Ochsenstein dans ses fonctions de bailli provincial d'Empire en Alsace.
Mais déjà la situation se dégradait.
Otton d'Ochsenstein était entré en conflit avec les sires de Lichtenberg, notamment avec Conrad, l’évêque de Strasbourg.
C'est dans ces conditions que Conrad de Lichtenberg, Anselme de Ribeaupierre, dont les châteaux dominaient Ribeauvillé et Walther Roesselmann organisèrent un soulèvement contre le roi. Le roi réussit avec l’aide de l’évêque de Bâle le très combatif Comte Thibaut de Ferrette de réunir une armée qui fit le 28 septembre le siège de Colmar.
Il n' y eut pas d'attaque, mais le roi fit détourner le Muhlbach ce qui entraîna l’arrêt des moulins et la pénurie de farine.
Les bourgeois qui d'emblée ne manifestaient pas d'enthousiasme pour cette guerre étrangère à leurs intérêts, ouvrirent les portes après un mois de siège.
Anselme de Ribeaupierre fut envoyé comme prisonnier dans un château de Souabe (région d’Allemagne méridionale sur le haut Danube entre le Wurtenberg et le plateau Bavarois.
Pour Walther Rosesselmann qui avait tenté de fuir déguisé en pauvre mais qui avait été reconnu et livré au roi, on le fit courir nu dans les rues de Colmar puis exhibé de ville en ville et enfermé dans une prison. Il mourut enfermé dans une tour en 1294. Après la chute de Colmar, Adolphe de Nassau nomma comme Schultheiss Cunon de Berckheim.
La charte de franchise de 1278 précise que le Schultheiss serait choisi parmi les bourgeois. Le Schultheiss restait agent du souverain et premier personnage de la ville, mais à coté de lui il eut désormais un représentant des bourgeois "le Magister Civium" "Le Bürgermeister" en allemand- le "bourgmestre" en français qui apparaît en 1296.
En 1295 les colmariens construisent leur premier hôtel de ville, il s'agit du corps de garde.




Le Corps de Garde

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