mardi 25 novembre 2008

L'histoire de Colmar (9) - Soins et santé

Installé dans l’ancien couvent des Franciscains depuis le milieu du 16ème siècle, l’hôpital accueille après le rattachement de Colmar à la France le "Welsche Spital", hôpital militaire pour les soldats de la garnison. En 1735, un incendie détruit la plus grande partie de l’ancien couvent. Sur son emplacement est construit entre 1735 et 1744 un nouvel hôpital. La qualité des soins à l’hôpital laisse à désirer.


L'ancien hôpital

Le service médical est organisé par Louis Gabriel Morel (1769 -1842) qui y exercera 40 ans et sera remplacé en 1840.
Abandonnée par les médecins depuis le Moyen-âge, la chirurgie est exercée par des artisans jusqu' à la révolution. Les barbiers se chargent d'opérer les malades, font des saignées, pansent les plaies, ouvrent les abcès et réduisent les fractures et les luxations. A Colmar la corporation des chirurgiens barbiers, trop peu nombreuse pour former une tribu, est d'abord inscrite au sein de la tribu des bouchers avant de se retrouver à la tribu du Géant en compagnie des tonneliers, des cuvetiers, cabaretiers et ailleurs. La corporation des chirurgiens disparaît avec le Révolution et la chirurgie s'intègre progressivement à la médecine.
En 1803, l’ouverture de l’école des sages-femmes du Haut-Rhin améliore leur situation. Gabriel-Louis Morel y enseigne. Les dépenses de fonctionnement sont à la charge du département, l’enseignement est gratuit.
Fils de Gabriel Morel "médecin physicien de la ville, démonstrateur d'anatomie, de chirurgie et en l’art des accouchements" Louis Gabriel Anaclet Morel symbolise les progrès de la médecine à Colmar. Chirurgien militaire participant au siège de Mayence, il est chargé en 1793 d'organiser l’hôpital militaire et il sera nommé en même temps médecin en second de l’hôpital civil. Morel a été également maire de Colmar de 1813 à 1815 et de 1832 à 1841. Son rôle est déterminant dans la création de l’école d’accouchement en 1803 et dans l’introduction de la vaccine(1er vaccin mettant fin aux épidémies de varioles) dans le département.
Le nouveau théâtre est inauguré en 1849. Erigé par l’architecte parisien Louis-Michel Boltz et décoré par Louis Boulange, il succède au théâtre de la rue des Augustins, détruit par un incendie en 1841.
L'ancien couvent des Unterlinden, après un demi siècle d'affectation militaire, devient musée grâce à l’action de Louis Hugot, archiviste et bibliothécaire de la ville et de la société Schongauer dont il est le fondateur (1849).

La guerre éclate en plein été, le 19 juillet 1870. Contrairement à la Basse Alsace, le Haut-Rhin reste en deçà du front jusqu'au mois de septembre et peut par conséquent s'organiser. Colmar conserve son administration confiée d'abord au préfet Salles puis après le 4 septembre à l'industriel libéral Jules Grosjean. La défense de la ville est assurée par des francs-tireurs de la région parisienne et par des volontaires comme Frédéric-Auguste Bartholdi.


La maison natale d'Auguste Bartholdi





Détail de la maison du créateur de la statue de la Liberté




L'occupation prussienne entre dans les faits au courant de l’automne, avec l’arrivée de fonctionnaires civils comme le baron Von der Heydt qui remplace le préfet.
Jusqu'au 10 mai 1871, la ville demeure dans une situation très ambiguë, le conseil municipal reste en place, mais les institutions françaises sont totalement démantelées, car beaucoup de membres refusent de servir, faisant suite aux ordres de Léon Gambetta.
A cette date, la population colmarienne ne se fait pas d'illusions. Le traité de Francfort apparaît comme une fatalité qu'il s'agit d'accepter pour ne pas le subir.
Prévue par le traité de Francfort (10 mai 1871), la faculté d'opter pour la nationalité française est largement sollicitée par la population. Au total Colmar perd 3587 personnes (15 %) bien plus que l’ensemble du Haut-Rhin (5,2 %). Bartholdi fait lui même le serment de ne plus jamais revoir sa ville natale et s'embarque pour les Etats-Unis. Camille Sée et Jean Macé vont devenir les patriarches de l’instruction publique française, l’un en ouvrant aux filles l’enseignement secondaire, l’autre en fondant la ligue de l’enseignement.
Pourtant à la fin du 19ème siècle, les mémoires s'assoupissent et reniant sa promesse, Bartholdi vient visiter Colmar.
La question de paupérisme est attisée par la croissance démographique. En 1880, la ville est divisée en 40 îlots, confiés à des inspecteurs des pauvres. Les distributions de repas sont très impressionnantes puisqu'elles atteignent 10 hl de soupe par jour et justifient la construction d'un bâtiment spécial (actuelles archives municipales) en 1903.

Colmar a conservé son allure de chef lieu. L'administration allemande conserve pratiquement toutes les fermes de l’ancien département. La germanisation est très marquée dans le domaine de l’enseignement.
En 1871, la réouverture du lycée impérial est assurée par une douzaine de professeurs allemands et par trois autochtones. Dès 1873, l’allemand devient langue officielle.
Deuxième agent de germanisation : Colmar devient une place de guerre avec la construction des casernes de la route de Strasbourg (1888 -1890) et de l’hôpital militaire (1893 - 1895).
Les unités stationnées à Colmar sont toutes originaires d'Outre-Rhin et plus particulièrement de Prusse.
En 1883, le français est proscrit des textes officiels.
Le point sur les élections législatives au Reichtag de 1874 -1912 : Les catholiques avec comme chef le curé de la ville Mgr Etienne Frey. Les candidats du parti catholique à la députation étaient attachés aux traditions locales et décidés à ne pas capituler devant la Prusse. Charles Grad est le fer de lance de ces notables autonomistes (1842-1890). Disparu prématurément, il est remplacé par l’avocat protestant Jacques Preiss (1859-1916), député de 1893 à 1912 qui bénéficie d'un soutien de la presse catholique et de son bouillant dirigeant l’abbé Emile Wetterlé (1861-1932). Maître du journal de Colmar en 1893, il se révèle comme un polémiste cinglant. Emile Wetterlé est élu dans la circonscription de Ribeauvillé en 1898 et le reste jusqu'à la guerre.
L'adversaire principal est l’avocat Heinrich Ruland. A défaut de pouvoir rassembler une majorité véritable, ces gouvernementaux s'emploient à détourner les notables libéraux d'origine alsacienne comme Daniel Blumenthal (1860 -1930) chef de la Volkspartei qu'il a fondé en 1890. Cet avocat opportuniste finit par rechercher l’alliance des catholiques et se rapprocher de Wetterlé ce qui lui permit de rester maire (1908).
En 1871, le passage de Colmar sous la tutelle du Reich laisse le conseil municipal intact. Ce n'est qu' en 1877 et pour 3 ans seulement que le poste du maire Hercule de Peyerimhoff est confié à un commissaire allemand.
La manoeuvre est très mal accueillie.

De 1880 à 1896, la ville est dirigée par un excellent gestionnaire, Camille Schlumberger, qui a l’appui des catholiques sans indisposer l’occupant. Sa politique de modernisation se double d'un souci moraliste.
C'est lui qui le premier engage la lutte contre la prostitution et met un terme aux maisons closes (1881).

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